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Environnement: Au Niger: Sur le plateau de Kouré, comment les terres récupérées facilitent la restauration de l’environnement

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Pays de l’Afrique de l’Ouest, le Niger est depuis plusieurs années frappé par des évènements de sécheresse et d’inondations. Le pays perd 100 000 ha de terres agricoles par an. Avec les chocs climatiques, la dégradation croissante des terres, des forêts et des paysages s’accentue et impacte durement les populations rurales déjà confrontées aux conflits et à la pauvreté.  Mais, à Kouré, une commune à l’est de Niamey, la capitale nigérienne, la technique des demi-lunes permet de récupérer les terres dégradées et de développer la biodiversité.

lancement des travaux de récupération des terres sur le site de kouré au titre de l’année 2024 par l’ASGN

Les sécheresses, au Niger, surviennent tous les deux ans sur cinq. Avec la faible fertilité des sols, la population rurale est maintenue en état de vulnérabilité incessante.  Âgé d’une quarantaine d’années, Seydou Hassan, marié et père des sept (7) enfants est conscient de cette situation : « Je suis un paysan mais de par mon expérience, je sais que la dégradation des terres à un impact réel sur la sécurité alimentaire. Tout celui qui a plus de trente (30) ans peut témoigner l’écart de production constaté entre les années antérieurs et ces dernières années ». Le cas de Seydou traduit bien la réalité des agriculteurs du sud-ouest du Niger. Le manque de terres cultivables, exacerbé ces dernières années par les irrégularités saisonnières observées dans cette zone semi-aride, fait naître les conflits. Jadis alliés, agriculteurs et éleveurs sont aujourd’hui en situation de concurrence. A l’instar de beaucoup de pays du Sahel, la désertification et l’épuisement des sols menacent en permanence la sécurité alimentaire surtout des populations rurales au Niger. Le constat est sans appel. Pour l’environnementaliste Maman Moctar, les problèmes sont à plusieurs niveaux. « Certaines pratiques des paysans les maintiennent dans un cercle fermé. Par exemple, les arbres sont constamment coupés pour faire place à des champs de culture et aussi pendant la saison sèche, les résidus des cultures sont ramassés pour des usages domestiques. Cela fait aussi en sorte que la terre n’est pas fertile et la production est en baisse chaque année ».

Pour lutter contre la sécheresse, le Niger a élaboré pour la première fois le plan national de l’Environnement pour un développement durable (PNEDD) en 1995. Par ailleurs, dans le document cadre de politique nationale de décentralisation (DCPND), l’environnement fait partie des services transférés aux communes. Ainsi, le cadre stratégique de gestion durable des terres (CS-GDT) « sur dix ans pour la période 2020- 2030 » prévoit la restauration de 1 030 000 ha terres agro-sylvo-pastorales, la régénération naturelle assistée sur 1 100 000 ha, la fixation des dunes sur 550 000 ha, l’aménagement des forêts naturelles sur 2 220 000 ha, la création de 145 000 kms de haies-vives, la plantation d’espèces à usages multiples sur 750 000 ha, les plantations de Moringa oleifera sur 125 000 ha, l’ensemencement des parcours sur 304 500 ha et la promotion de la foresterie privée sur 75 000 ha. Dans cette optique, les agriculteurs sont initiés à de nouvelles techniques agricoles pour planifier l’utilisation des terres et protéger la biodiversité.  La récupération des terres à travers les demies lunes

Impliquer les communautés

A Kouré, un village situé à plus de 60 km de la capitale Niamey, se dresse depuis plus de 20 ans, la zone des girafes. Cette localité dispose d’un vaste plateau où la terre est dégradée. Chaque année, l’association pour la sauvegarde des girafes du Niger accompagne les populations de cette zone et entreprend les travaux de confection des demi-lunes forestières. Pour l’année 2024, 3130 demi-lunes forestières ont été confectionnées sur le plateau de Kouré. Hassan Issa, responsable suivi évaluation a expliqué que :« Nous sommes ici sur le plateau de kouré, lieu de refuge des girafes pendant la saison de pluie. Comme on peut le constater le terrain est extrêmement dégradé, c’est pourquoi notre association organise régulièrement des opérations de récupération des terres avec les villageois ».

Deuxième jours des travaux sur le site

Pour ces travaux, l’équipe terrain de l’Association pour la Sauvegarde des girafes a d’abord identifié le site au niveau de la localité, en accord avec les services techniques de kouré et la population bénéficiaire. 436 personnes dont 216 femmes ensuite ont été mobilisées pendant cinq jours sur le site, creusant à la main des fossés d’irrigation traditionnels. La demie lune est réalisée sous forme d’un demi-cercle destiné à recevoir la culture. Sous l’œil vigilant des techniciens qui supervisent les travaux avec l’aide d’un chef chantier, un contrôleur ou pointeur et les autres membres de l’équipe jouent le rôle des traceurs. Munis de leur daba, pioche, pelle, corde, bottes, gants et masques, apport de fumure organique et épandage, chacun s’efforce à réaliser sa partie. Ce sont des courbes de niveau généralement tracées à l’aide d’un levé topographique, puis ouvrent la cuvette de la forme d’un cercle à la pioche et à la pelle. 

Ces ouvrages ont fait l’objet d’épandage, de la fumure organique et de semis à sec des graines de “Balanités aegyptiaca” (NDLR: le dattier du désert) . Une fois la zone labourée, les travailleurs sèment directement des espèces autochtones ligneuses ou herbacées et mettent en terre de jeunes plants. Ces espèces sont, pour la plupart, résilientes et poussent bien sur les terres dégradées. Elles offrent un couvert végétal et améliorent la productivité de terres auparavant dénudées. 

Interrogé, Mana Koudoussou Ibrahim, technicien de recherche senior à l’institut international de recherches sur les cultures (ICRISAT Niger) expliquent que les producteurs pratiquent les demi-lunes pour restaurer les terres dégradées à des fins agricoles (si elles sont cultivées), pastorales (si elles sont ensemencées par des espèces fourragères) ou forestières (si elles sont plantées par des espèces ligneuses). Elles sont réalisées sur des terres indurées et encroûtées, qui ont une pente de 0 à 3% et qui génèrent un important ruissellement. Le but est de provoquer l’infiltration de l’eau et d’améliorer la productivité et cette technique leur offre des avantages: “ les demi-lunes permettent de capter le ruissellement et provoquer l’infiltration. Elles peuvent entraîner une augmentation de la profondeur d’humectation du sol de 20 à 40 cm”,  a-t-il dit . 

Mana Koudoussou soutient que les demi-lunes permettent aux cultures de résister aux poches de sécheresse à travers le maintien de l’humidité du sol et améliorent la fertilité du sol à travers le captage des sédiments et des débris organiques transportés par le vent et le ruissellement. Elles peuvent donner un rendement en grains de mil ou du sorgho de plus 800 kg/ha.

Retour de la végétation

Nous sommes le 24 juin 2024. C’est la période de la saison pluvieuse, quelques semaines après le démarrage des travaux champêtres. Sur le plateau de kouré, les ouvrages réalisés au cours de cette année par l’Association pour la sauvegarde de la girafe du Niger portent bien ses fruits en captant déjà l’eau de ruissellement. « Sur ce site restauré, on voit clairement comment la végétation est restaurée et on y observe des girafes en train de brouter. Cela démontré l’intérêt pour cette espèce les actions de récupération des terres avec le soutien de nos partenaires », montre du doigt, Hassan Issa le responsable de l’association pour la sauvegarde des girafes.

le site récupéré du plateau de kouré après une pluie  ( juin 2024)

Interrogé par le studio Kalangou de la fondation hirondelle en 2021 sur le même sujet, le directeur adjoint de la gestion des terres durables, le Colonel Assouman Garba a indiqué que : « la restauration des terres dégradées est un des moyens pour parvenir à la sécurité alimentaire en agissant sur les facteurs de dégradation des terres qui sont principalement d’ordre climatique et anthropique. Ces techniques ont permis l’amélioration de la fertilité des sols ; l’augmentation de la production agricole ; l’augmentation des revenus des populations de sa zone d’intervention ; la régénération des ressources naturelles, base de la production agro-pastorale ; l’augmentation de la disponibilité en fourrage ». 

Source de revenus pour les villageois

En ramenant à la vie les terres dégradées, les agriculteurs n’ont pas besoin de défricher des terres forestières pour les transformer en terres agricoles et satisfaire ainsi la demande alimentaire de plus en plus importante face à une population croissante au Niger. Le travail de récupération des terres, certes, favorise la restauration du couvert végétal ligneux. Mais au-delà, il améliore les revenus des communautés locales. En effet, le site de Kouré mobilise une forte main-d’œuvre locale, qui chaque jour, contribue à lutter contre le chômage. Daouda Hamza, agriculteur de kouré, marié et père et sept enfants fait partie de l’équipe qui a travaillé sur ce site. « Je me réjouis de participer à ces travaux parce qu’il y a une motivation à la fin. Par jour, nous recevons 2000 FCFA et cet argent qu’on donne permet à beaucoup de chefs de famille de gérer des situations surtout dans ce contexte difficile » témoigne-t-il.

Dans la même optique, le projet a également pour objectif de donner plus de responsabilités aux femmes et de les faire participer davantage à une remise en état à plus grande échelle des terres locales. Pour Hassia Seybou, une autre habitante de kouré, mère de deux enfants, ce programme participe à la résilience de la femme rurale “ Chaque participante travaille comme les hommes pour gagner l’argent afin de contribuer à la gestion de famille. Nous faisons ce travail avec joie car toute la communauté est bénéficiaire”, estime-t-elle.

Des défis de taille

 Les demi-lunes ne sont pas une solution miracle. Selon une étude d’évaluation menée en 2019 au Niger par le Programme d’Appui à l’agriculture productive (PROMAP) et la GIZ auprès des exploitants de terres, la technique ne fait pas face aux catastrophes météorologiques telles que la pluie torrentielle et tempête de vent locale. Selon le technicien de recherche senior à (ICRISAT Niger), Mana Koudoussou Ibrahim, la réalisation des demi-lunes nécessite un temps élevé de travail et une main d’œuvre importante. La norme de réalisation de ces ouvrages est de 2 à 3 demi-lunes par personne par jour. Mieux, les demi-lunes ont un important besoin d’entretien. Après les grosses pluies, il faudrait les visiter pour réparer les brèches et rétablir les bourrelets. Un autre aspect est qu’elles sont seulement applicables sur des terrains indurés et encroûtés. Ce qui limite son adoption dans certaines localités. La production animale peut être réduite parce que les sites sylvo-pastoraux doivent être protégés contre la divagation des animaux dans les 2 à 3 premières années, jusqu’à établissement de la végétation.Un autre problème primordial apparaissant est le défi de la gouvernance. D’abord l’écart entre d’une part la démesure des ambitions prométhéennes et d’autre part la faiblesse des capacités de mise en œuvre. En effet, pour restaurer les terres, le Niger s’est fixé comme objectif au niveau national, la récupération de plus de 200 000 ha/an alors que les niveaux actuels de récupération sont inférieurs à 50 000 hectare/an. Même si les décideurs et les financeurs affichent leur accord sur l’objectif de restauration des terres, le succès des projets repose sur la participation des populations locales. Elle doit se faire alors même que persistent les problèmes d’insécurité, de droits fonciers etc.

Ailleurs en Côte d’Ivoire, régénérer les zones désertes en plantant des arbres. 

En Côte d’Ivoire, 60% du territoire national est touché par la sécheresse et la désertification, et ce taux s’élève à 90% dans la partie nord du pays. La région du Tchologo fait partie des localités où les arbres ont disparu il y a des décennies, laissant place à une vague de chaleur et de sécheresse. Mais aujourd’hui, les communautés locales, soutenues par l’Ong stop désert, régénèrent les zones désertes en plantant des arbres. 

Mars 2024, une chaleur étouffante s’abat sur tout le pays. La température est encore plus élevée à Tchologokaha, un petit village situé à 10 km de Ferkessédougou, au nord de la Côte d’Ivoire.  Tchologokaha est une bourgade calme et paisible.  Seul le chant et les battements d’ailes de quelques oiseaux, viennent troubler la quiétude des habitants de temps en temps. Koné Gnimaton chef du village de Tchologokaha, arrêté à la place centrale du village, là où se tiennent, son regard est dirigé sur le bois sacré du village. Cet endroit, constitué de cases construites en banco est entouré de toutes sortes d’arbres qui se dressent comme un rempart à tout étranger qui veut y pénétrer. Ce que ressent le septuagénaire à cet instant-là, c’est la joie et la fierté.  Il est impossible actuellement de voir l’intérieur de cette forêt qui abrite aussi une biodiversité. Nous sommes en pays sénoufo, et les bois sacrés, des endroits retirés du village où se font la formation initiatique des plus jeunes sont protégés Dans cette localité, l’agriculture et l’agro-industrie sont menacées, provoquant des migrations et des conflits intercommunautaires. 

Des solutions pour atténuer ….

Face à la situation, le gouvernement ivoirien a lancé en mai 2022 à Abidjan lors du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement sur la Cop 15. Un programme dénommé “Abidjan Legacy Program ou L’Initiative d’Abidjan » pour restaurer d’ici 2030, 03 millions d’hectares de forêt et à promouvoir “des approches de gestion durable des sols“.  Cet appel du gouvernement à lutter contre l’avancée du désert est bien assimilé à l’ONG stop désert. Mise en place en 2008, l’organisation s’attèle à lutter pleinement contre la désertification. Elle s’associe à toutes les activités qui s’intéressent à la protection de la biodiversité.  Elle met à la disposition des populations de diverses localités du nord de la côte d’ivoire, des plantes tel que l’acacia mangium essence à croissance rapide qui enrichit le sol.   Elle propose également le teck, le mélina, le néré et l’Apki . Ces arbres qui enrichissent le sol, retiennent l’eau et dont les fruits ou le bois permettent aux populations de subvenir à leur besoin.

Au Burkina Faso, privilégier les semences améliorées pour contrer la sécheresse

Au Burkina Faso, d’après les chiffres publiés par la plateforme pour la gestion des risques agricoles (PARM), entre 2015 et 2019, le pays a perdu environ 60 milliards de FCFA de culture par an du fait de la sécheresse. Face au défi de nourrir les Burkinabè dans un contexte d’insécurité et de réduction des terres cultivables, l’Etat a opté pour une politique de vulgarisation des semences améliorées.

Dans la province du Sanmatenga, au centre-nord, l’une des moins nanties en pluviométrie, le riz Orylux 6 révolutionne les rizicultures aménagées autour de points d’eau saisonniers. Grâce à son cycle court et à sa résistance à la sécheresse, c’est une des semences les plus utilisées par les agriculteurs pour améliorer leurs moyens de subsistance.

« Vous venez au mauvais moment. Actuellement, tous nos barrages sont ensablés », nous avait lancé Lassané Ouédraogo, le président de l’union provinciale des producteurs de riz du Sanmatenga , à l’autre bout du fil. Pas donc d’image de champ verdoyant de riz à photographier en ce mois de février. « La période de fraîcheur, n’est pas propice à la culture du riz. Si vous ne récoltez pas avant décembre, vous perdez toute votre production », explique-t-il. Comme son père avant lui, Lassané exploite un champ d’un hectare sur la plaine aménagée du barrage de Louda, à environ 4 km de Kaya, le chef-lieu de la province. C’est avec une pointe de nostalgie dans la voix qu’il se rappelle du temps où le barrage construit en 1957 assurait aux producteurs deux récoltes par saisons. Mais depuis quelques années, le retenu d’eau est victime de l’ensablement et la plaine de 180 hectares aménagée sur ses berges en 1966 est de moins en moins généreuse du fait de son âge. Il n’y a pas que dans le Sanmatenga que les agriculteurs font grise mine.

Avec les effets conjugués des changements climatiques, le Burkina Faso est confronté à une baisse de la pluviométrie, impactant le secteur agricole qui générait 18,5% de son Produit intérieur brut (PIB) en 2022 d’après les chiffres de la Banque mondiale. La situation reste préoccupante et près de 3 millions de personnes vivent en insécurité alimentaire selon un décompte établi en fin d’année 2023 par le système des Nations Unies. 

Dans ces conditions climatiques plus rudes, 1036 producteurs dans la province continuent de travailler la terre au niveau du barrage de Louda pour y tirer leur pitance quotidienne. Environ le tiers préfère cultiver l’Orylux 6 ou FKR84, une variété de riz résiliente aux aléas climatiques pour éviter les pertes totales de production. C’est l’ONG belge “Triasqui a vulgarisé cette nouvelle variété auprès des riziculteurs du Sanmatenga en 2017. Créée en 1964, TRIAS intervient dans une dizaine de pays en soutenant les agriculteurs familiaux et les petits entrepreneurs à travers notamment leur encadrement et la facilitation de leur accès au financement. 

Enquête réalisée par Souleymane Oumarou Brah Souleymane avec le soutien de la CENOZO dans le cadre du projet « Renforcer le journalisme de solutions sur la santé et le développement durable »

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Prévention des VBG au Niger : Des OSC nationales s’y engagent pleinement !

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Combat de longue haleine, la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) au Niger est mené sur plusieurs fronts par des organisations de la société civile (OSC) à travers diverses approches et stratégies leur permettant d’être directement en contact avec les populations cibles qui sont sensibilisées sur les différentes formes de VBG, leurs conséquences sur les individus et la société ainsi que sur les recours légaux existants.

Fort de l’importance et de la justesse de leurs actions qui, il faut le dire, intègrent le triple objectif de la défense, la protection et la promotion des droits humains, les OSC nigériennes actives dans la lutte contre les VBG bénéficient souvent, de l’accompagnement de certaines ONG internationales dont les interventions prennent en compte le volet « Droits Humains ».

Pour l’efficacité de leurs actions visant à prévenir les violences basées sur le genre, la plupart des OSC nigériennes intervenant dans ce domaine privilégient l’approche holistique, incluant ainsi la sensibilisation, le renforcement des capacités, le plaidoyer et l’implication des acteurs clés à tous les niveaux.

Une approche qui permet de s’attaquer à bras le corps aux normes sociales et autres stéréotypes qui légitiment et perpétuent les violences basées sur le genre et pouvoir déconstruire ce type de narratif auprès des communautés.

Pour ce faire, des outils variés sont utilisés, à l’exemple des causeries-débats à travers des focus groupes (femmes et jeunes filles ; hommes et jeunes garçons ; leaders communautaires et religieux), des émissions radiophoniques en langues locales, des sketchs de sensibilisation ou encore la distribution de manuels de sensibilisation.

Au niveau de l’Association des Scouts du Niger, qui est une structure des jeunes, active aussi sur la question des violences basées sur le genre à Niamey, l’accent est plutôt mis sur la prévention des cas des VBG à travers la Politique « Safe From Harm » qui signifie « A l’abri de la maltraitance ». Cette politique nationale vise à prévenir et à répondre à toutes les formes de violence, d’abus et de négligence, que ce soit au sein du mouvement Scout ou ailleurs. « Cette politique nous permet de prévenir des violences qui peuvent être basées sur le genre et de toute autre violence de quelque nature qu’elle soit », explique Mounkaila Dourfaye Halimatou, Commissaire chargée du Genre et des Filles à l’Association des Scouts du Niger.

Cette politique, précise-t-elle, est une sorte de « garde-fous au sein de notre association pour prévenir toute violence basée sur le genre et autres cas de maltraitance. Chez nous (Ndlr : l’Association des Scouts du Niger), c’est tolérance zéro pour tout ce qui est VBG, pour tout ce qui est violence à l’endroit des jeunes filles et enfants ».

Mounkaila Dourfaye Halimatou de souligner aussi qu’à travers cette politique, « nous œuvrons à faire en sorte que chaque scout connaisse cette politique afin de mieux prévenir les VBG, car en les prévenant, nous aurons moins des cas de violence à gérer ».

Dans ce combat, l’ONG Lafia Matassa, qui est une structure active dans la promotion de la santé sexuelle et reproductive des jeunes et adolescents, n’est pas également en reste. Elle mène plusieurs actions de terrain allant dans le sens de la prévention des violences basées sur le genre (VBG).

Au rang de ses multiples interventions, figure en bonne place les actions de sensibilisation et d’éducation communautaire, dont l’objectif poursuivi est d’améliorer les connaissances des communautés sur les questions de santé reproductive et de violences de genre.

Lafia Matassa œuvre aussi dans la création d’espaces sûrs pour les jeunes, une initiative qui permet à ces derniers, notamment les adolescents, à recevoir des informations utiles et à échanger en toute sécurité sur des sujets liés à leurs droits, à leur santé et aux violences en tout genre.

A côté de ces espaces sûrs, s’ajoutent des actions de renforcement du pouvoir d’agir des jeunes et des femmes afin que leur autonomie soit renforcée et qu’ils puissent mieux connaitre et défendre leurs droits.

Diverses autres actions envers les professionnels de santé (renforcement des capacités pour une meilleure prise en charge des victimes de VBG), tout comme auprès des pouvoirs publics (plaidoyer pour la prise en compte dans le budget national le financement des actions de promotion de droits sexuels et reproductifs ainsi que la lutte contre les VBG).

L’approche de Lafia Matassa pour prévenir les violences basées sur le genre intègre diverses actions, allant de la sensibilisation à grande échelle, au soutien direct aux jeunes et aux femmes ainsi que le plaidoyer auprès des autorités pour un changement des normes sociales et des pratiques néfastes qui compromettent la jouissance des droits humains.

Pour prévenir et lutter efficacement contre les violences basées sur le genre, M. Lawali Amadou de l’ONG Lafia Matassa préconise « l’intensification de la sensibilisation auprès des communautés en misant surtout sur des actions orientées vers les jeunes garçons, les chefs de ménages ainsi que les leaders communautaires et religieux ».

Aussi, estime-t-il, s’impose la nécessité de « renforcer le cadre juridique de la protection des femmes et des jeunes filles », avant d’exhorter les structures intervenant dans le domaine à « une synergie d’actions qui permettra d’atteindre plus efficacement les objectifs escomptés ». Il a en outre recommandé la mobilisation et l’accroissement des financements dans la lutte contre les VBG qui demeure un combat de longue haleine au Niger.

A noter que dans ce combat, des structures, telles que la Coordination des ONG et Associations féminines (CONGAFEN), l’ONG SOS Femmes et Enfants Victimes de Violences Familiales (SOS FEVVF), l’Association des Femmes Juristes du Niger (AFJN), le Comité Nigérien sur les Pratiques Traditionnelles (CONIPRAT) pour ne citer que celles-là, ne sont pas en reste. Elles œuvrent inlassablement, autant dans la prévention des VBG que dans la prise en charge holistique des survivantes.

Sahirou Youssoufou

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Finance

Trois décennies au service de la résilience et de la transformation de l’Afrique

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Lors des 32e Assemblées annuelles d’Afreximbank de cette année, un panel a dressé un bilan approfondi, s’interrogeant non seulement sur les acquis des trois dernières décennies, mais aussi sur les enseignements à en tirer. Intitulée « Trois décennies au service de la résilience et de la transformation de l’Afrique : que nous apprend l’expérience d’Afreximbank ? » , cette table ronde a réuni des voix issues de l’ensemble du paysage économique du continent. Parmi les intervenants figuraient Kee Chong Li, directeur de Value Partners Asia Hedge Funds et membre du conseil d’administration d’Afreximbank, le professeur Bart Nnaji, PDG de Geometric Power, Aliyu Ahmed, ancien secrétaire permanent du ministère fédéral des Finances du Nigéria, Rosa Whitaker, présidente-directrice générale du Whitaker Group ; et l’honorable Patrick Chinamasa, ancien ministre des Finances et du Développement économique du Zimbabwe. Chacun a présenté des réflexions pertinentes sur la manière dont Afreximbank est passée du statut d’institution de financement du commerce à celui de moteur essentiel de la résilience et de la transformation économiques de l’Afrique.

Depuis sa création, Afreximbank s’est distinguée non seulement par ses activités, mais aussi par son approche fondamentale. Comme l’a observé un intervenant, Afreximbank est « une institution des Africains, par les Africains, et adaptée au développement de l’Afrique ». Ce sentiment d’appartenance et cet alignement stratégique ont façonné son caractère institutionnel et son impact durable.

La résilience par la conviction

Au cœur des discussions se trouvait un principe qui transcende la finance traditionnelle : une conviction inébranlable dans le potentiel africain. Cette conviction s’est manifestée par une confiance dans les économies africaines, leur leadership et leurs solutions locales. L’ancien ministre des Finances du Zimbabwe, l’honorable Patrick Chinamasa, a fourni un exemple frappant de cette approche. Il a rappelé comment, pendant la période où le Zimbabwe était soumis aux sanctions internationales, Afreximbank avait apporté un soutien essentiel lorsque d’autres institutions s’étaient retirées. « Personne ne nous a donné notre chance, sauf Afreximbank », a-t-il noté, attribuant à l’intervention de la Banque le mérite d’avoir aidé le Zimbabwe à atteindre l’autosuffisance alimentaire et à relancer son processus d’industrialisation.

Ce schéma s’est répété sur tout le continent. Du Nigéria à l’île Maurice, les intervenants ont partagé leurs témoignages sur la rapidité avec laquelle la Banque a réagi à la crise, alors que d’autres se retiraient, établissant ainsi sa réputation de « premier intervenant » financier en Afrique.

L’indépendance financière comme stratégie principale

L’une des caractéristiques marquantes de la trajectoire d’Afreximbank a été sa quête délibérée de souveraineté financière. Plutôt que de s’appuyer sur les canaux conventionnels de mobilisation de capitaux, la Banque a systématiquement développé des alternatives pilotées par des Africains. Kee Chong Li, membre du conseil d’administration et expert financier senior, a illustré cette philosophie par une transaction spécifique. Lors de la levée de capitaux par le biais de certificats représentatifs d’actions étrangères, la Banque a contourné les banques d’investissement internationales comme JP Morgan ou Goldman Sachs. Elle a mobilisé des institutions et des investisseurs privés africains, coté à la Bourse de Maurice et fait appel à des services de garde locaux. « Toutes les institutions qui ont permis la levée de capitaux étaient purement africaines », a-t-il souligné. « Cela illustre ce que signifie concrètement la souveraineté. »

Cette approche s’est étendue à la gestion des risques. Face à la réticence des assureurs internationaux à financer des projets africains, Afreximbank a créé sa propre division d’assurance-crédit, composée de professionnels africains, soutenue par des réassureurs africains et spécifiquement conçue pour débloquer des capitaux en faveur des infrastructures et du développement commercial du continent.

Leadership : Transformer la vision en réalité

De nombreux intervenants ont souligné le leadership transformationnel du président d’Afreximbank, le professeur Benedict Oramah, qui a contribué à l’évolution de la Banque. Rosa Whitaker, présidente du Whitaker Group, a souligné cette dynamique, citant l’expert en gestion Jim Collins : « Le « qui » compte plus que le « quoi ». » Sous la direction du professeur Oramah, a-t-elle affirmé, la Banque a « catalysé un mouvement » qui intègre le financement du commerce, la technologie, l’engagement de la diaspora et les marchés de capitaux africains dans un moteur de croissance cohérent. Elle a qualifié cet effet d’« Africatalyst » : une force catalytique qui transforme les aspirations en progrès économiques mesurables.

Du financement du commerce à la transformation globale

Cette évolution a été illustrée par le témoignage du professeur Bart Nnaji. En tant que PDG de Geometric Power, il a décrit un projet énergétique intégré au Nigéria, jusque-là bloqué, abandonné par d’autres bailleurs de fonds. Après une due diligence rigoureuse, Afreximbank s’est engagée à relancer le projet. Aujourd’hui, il fournit une électricité fiable à plus de quatre millions de personnes et constitue le point d’ancrage d’une zone industrielle florissante, démontrant ainsi le potentiel d’une harmonisation stratégique entre le financement du commerce, le développement des infrastructures et l’approvisionnement énergétique.

Un cadre pour le développement continental

À la fin du panel, un principe s’est clairement dégagé : l’Afrique doit développer ses propres capacités financières. Comme l’a observé M. Aliyu Ahmed, ancien secrétaire permanent du ministère nigérian des Finances, « les faits démontrent systématiquement que lorsque d’autres banques se retirent, Afreximbank progresse. » De l’intervention en cas de crise à la stratégie industrielle à long terme, la Banque a démontré à maintes reprises ce qui devient possible lorsque les capitaux et les dirigeants africains dirigent leur propre programme de développement.

Après trois décennies, l’expérience Afreximbank apporte une réponse concrète à une question fondamentale : quels sont les éléments nécessaires pour bâtir des institutions à la fois durables et transformatrices ? La réponse ne semble pas résider uniquement dans la structure organisationnelle ou les cadres politiques, mais dans le courage institutionnel, l’innovation stratégique et l’alignement des objectifs sur la pratique.

Alors que le continent est confronté à de nouveaux défis et opportunités, le parcours d’Afreximbank offre plus qu’une simple analyse historique. Il propose également un cadre opérationnel pour le développement institutionnel africain.

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