Société
Inauguration de la ‘’Dangote Petroleum Refinery & Petrochemicals‘’ : Alhaji Aliko relève le défi énergétique de l’Afrique
Quelques jours avant la fin de quitter le pouvoir, le Président Muhamadou Bahari a inauguré la nouvelle raffinerie du Nigéria, un des plus grands investissements réalisés par l’homme d’affaire Aliko Dangoté. D’un coût global de 19 milliards de dollars, ce joyau, la 6ème au monde, mais aussi la plus grande raffinerie de pétrole à « train unique » permettra l’exportation du pétrole vers l’extérieur. L’ancien Ministre et Ancien Secrétaire Général de l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO), Mahaman Laouan Gaya a analysé l’apport et les contours de ce projet.

I A la découverte de la ‘’Dangote Petroleum Refinery & Petrochemicals‘’ :
La ‘’Dangote Petroleum Refinery & Petrochemicals‘’ – ‘’DPRP‘’ (inaugurée le lundi 22 Mai 2023) est située sur un terrain de 2635 hectares dans la zone franche de Ibeju-Lekki, dans l’État de Lagos au Nigéria (80 km à l’est de la ville de Lagos, le site fait sept (7) fois la taille de Victoria Island : le quartier d’affaires de Lagos). En 2005, Alhaji Aliko Dangote pensait construire une raffinerie de 300.000 barils/jour (b/j), mais à cette époque, il n’avait pas la capacité financière nécessaire pour réaliser ce projet. Puis, en 2010, avec l’amélioration de sa trésorerie, il affirmait avoir remboursé toutes les dettes du Groupe qui s’élevaient à 2 milliards dollars US, et mieux commencé à accumuler des liquidités. Alors, disait-il, ‘’nous avons revu nos plans et relevé sa capacité de production d’abord à 400.000, et finalement opter pour le schéma actuel de 650.000 b/j‘’. Elle devait initialement être construite dans l’État d’Ondo, mais en raison de manque de volonté politique de la part du gouvernement d’alors de cet État, Aliko Dangote a déplacé le projet sur le site actuel. Je rappelle que les travaux de construction de cette raffinerie ne sont pas encore terminés ; le Président Muhammadu Buhari devant quitter le pouvoir ce 29 Mai 2023, a souhaité lui-même inaugurer en grande pompe ce méga-projet, ‘’afin que cela soit mis à son crédit‘’, tel que rapporté par Taiwo Oyedele, analyste chez PwC à Lagos. Selon le rapport de la ‘’Nigerian Midstream and Downstream Petroleum Regulation Authority (NMDPRA) – Autorité Nigériane de Régulation des secteurs Amont et Intermédiaire Pétroliers‘’, la raffinerie de Dangote doit au préalable passer le test obligatoire d’acceptation technique (TAT) avant de démarrer ses activités. Étant donné que cette procédure prend techniquement, beaucoup de temps, l’exploitation de cette raffinerie ne pourrait pleinement commencer qu’en 2024 ; mais Aliko Dangote assurait dans son discours inaugural que les produits de la nouvelle raffinerie seraient sur le marché ‘’d’ici à fin juillet-début août 2023‘’. Pendant que les techniciens de pétrole de Dangote Group avancent que la raffinerie sera opérationnelle en 2024 (ils estiment qu’il faut au moins un an pour que l’usine soit suffisamment rodée), des équipes du Fonds Monétaire International (de quoi se mêlent-ils ?) envisagent plutôt ‘’une trajectoire de production progressive : de 100.000 b/j en 2024, 200.000 b/j en 2025, passant à 300.000 b/j en 2026-2027‘’…loin des 650.000 b/j évoqués à l’envie tout au long de la cérémonie d’inauguration.
II – Capacité de la raffinerie :
Une fois entièrement opérationnelle, ce qui en fera la plus grande en Afrique, la 6ème au monde, mais aussi la plus grande raffinerie de pétrole à « train unique » au monde (cela veut dire que l’usine dispose d’un système unique intégré de distillation (atmosphérique et sous-vide) de pétrole brut) qui peut produire une variété de produits pétroliers secondaires et des produits de synthèse pétrochimique, au lieu d’avoir différentes unités pour chaque type de produit). Aussi, c’est l’une des rares entreprises au monde à disposer directement d’une usine de raffinage de pétrole brut couplée à un complexe pétrochimique dans le cadre d’un contrat EPC (Engineering, Procurement & Construction – Ingénierie, Approvisionnement & Construction). En 2019, lors de sa construction, la plus grande colonne de distillation de pétrole brut au monde, pesant 2350 tonnes, y a été installée par une société néerlandaise spécialisée. Avec une hauteur de 112 mètres, elle est légèrement plus haute que la fusée Saturn V qui a amené le premier homme sur la lune (110,6 m) et 16 mètres de plus que Big Ben. Il a aussi été installé la même année, le régénérateur de raffinerie le plus lourd, qui est aussi la pièce unique la plus lourde de structure en acier (3000 tonnes) au monde. Ce régénérateur faisant partie de l’unité de craquage catalytique, est destiné au craquage des fractions lourdes du pétrole et leur transformation en composants moléculaires plus légers comme l’essence, le kérosène, le jet, etc. Une colonne de stabilisation de produits raffinés de type Penex mesurant 50 mètres de haut, un diamètre de 8 mètres et pesant 520 tonnes y a été également installée. À l’échelle mondiale, à l’exception de trois (3) sociétés, aucun propriétaire individuel n’a réalisé un contrat EPC complet pour une raffinerie de pétrole. La raffinerie Dangote aura un ‘’indice de complexité Nelson‘’ de 10,5. Notons que ‘’l’indice de complexité Nelson‘’ qui varie de 1 à 20, est un cadre de référence utilisé pour attribuer des valeurs aux raffineries de pétrole en fonction de leur niveau de complexité. Plus l’indice est élevé, plus la raffinerie est polyvalente et flexible et dispose davantage d’équipements sophistiqués. La ‘’DPRP‘’ sera alors plus complexe que beaucoup de raffineries aux États-Unis (moyenne de 9,5) ou en Europe (moyenne de 6,5) ; la plus grande raffinerie du monde, celle de Jamnagar en Inde, totalise 14 points. Notons que la raffinerie Dangote est 32,5 fois plus grande que la SORAZ de Zinder (qui je rappelle a une capacité de 20.000 b/j) et plus de trois (3) fois la production pétrolière du Ghana. En 2013, à la phase de démarrage du projet, le coût de la raffinerie a été estimé à 9 milliards dollars US (réévalués plusieurs fois) et les travaux n’ont véritablement commencé qu’en 2016. Aujourd’hui, on estime à près de 20 milliards dollars US le coût total des investissements et que 50% de ces investissements l’ont été sur fonds propres du Groupe Dangote et les autres 50% sur emprunts bancaires ; 70% des emprunts bancaires sont à ce jour remboursés. L’usine produira quotidiennement (n’en déplaise aux Institutions de Bretton-Woods), 53 millions de litres d’essence, 34 millions de litres de diesel, 2 millions de litres de Jet A1-aviation, du bitume et des produits de la synthèse pétrochimique (tous conformes aux spécifications Euro V). Elle a, en annexe une usine pétrochimique de production de polypropylène (900.000 tonnes) et une usine de fabrication d’engrais. Cette unité de fabrication d’engrais disposera de deux (2) lignes de production, chacune produisant chaque jour 2200 tonnes d’ammoniac et 4000 tonnes d’urée granulée. La ‘’DPRP‘’ est calibrée pour transformer 100% de la qualité de pétrole brut nigérian et est aussi conçue pour traiter une grande variété de pétroles bruts, d’Afrique, du Moyen-Orient et le pétrole léger (West Texas Intermediate – WTI) des États-Unis. Pour son fonctionnement, elle va disposer d’une centrale électrique de 435 MW ; à elle seule, cette centrale pourra répondre aux besoins énergétiques totaux d’Ibadan DisCo de 860.316 MWh couvrant cinq (5) États, dont Oyo, Ogun, Osun, Kwara et Ekiti. Rappelons (pour avoir une idée) que la puissance électrique totale installée de l’ensemble de la République du Niger est en 2021 de 412,55 MW et celle de la Côte d’Ivoire de 2200 MW. Les raffineries de pétrole nécessitant beaucoup d’eau (pour alimenter les systèmes de refroidissement, le dispositif de lutte contre les incendies…), il a été prévu 177 réservoirs d’une capacité de 4,742 milliards de litres. Elle sera approvisionnée en pétrole brut par la plus grande infrastructure d’oléoducs sous-marins du monde (1100 km de long).
III – Une logistique des plus complexes
En matière de logistique, beaucoup ne sauront peut-être jamais ce que Aliko Dangote a dû endurer pour faire aboutir ce projet. En effet, sa mise en œuvre a été confrontée à des défis sérieux et gigantesques. Sa construction a exigé du matériel qui pesait environ 3000 tonnes, alors que la capacité des ports du Nigéria (y compris Lagos-Apapa) est comprise entre 200 et 250 tonnes. Pour ce faire, il a fallu procéder à l’aménagement d’un nouveau port pour amener directement les cargaisons surdimensionnées à proximité du site, mais aussi faciliter l’approvisionnement en pétrole brut et l’exportation des produits issus de la raffinerie. Il a aussi été construit deux (2) quais avec une capacité d’accueil de navires de type Panamax (80.000 tonnes) pour l’exportation d’engrais et de produits pétrochimiques et deux (2) autres quais pour la manutention de cargaisons liquides. Le port disposera au total de six (6) quais, dont un (1) quai Roll-on/Roll-off (Roll on/Roll off, en abrégé Ro/Ro, est une expression anglaise utilisée en logistique et qu’on peut traduire par « roule pour entrer/roule pour sortir ». Elle désigne le trafic roulier, c’est à dire le transport de poids lourds ou de remorques par des bateaux spéciaux appelés « rouliers »). Pour le transport terrestre du matériel et équipements du port jusqu’au site de la raffinerie, il a fallu des travaux de construction de routes spéciales. Notons que la plus grande grue au Nigéria a une puissance de 650 tonnes, alors qu’il fallait une grue de 5000 tonnes pour les besoins de soulèvement de certains équipements. Pire encore, il n’y avait alors que deux (2) grues de ce type d’une capacité de 5000 tonnes dans le monde, et qui étaient toutes en service ; alors, au lieu de louer une pour 300.000 dollars US (165 millions FCFA) par jour, Aliko Dangote a préféré carrément en acheter. A cela s’ajoutent l’achat de 332 grues pour renforcer la puissance d’installation des équipements. À l’intérieur de l’usine même, il a été construit environ 126 km de routes bitumées et 54.000 colonnes anti-tempête pour la protection. Pour ce qui est des ressources humaines, Alhaji Aliko Dangote a mis en formation neuf cent (900) jeunes ingénieurs en technologie de raffinage de pétrole à l’extérieur du pays, six (6) ingénieurs en mécanique formés à l’Université GE en Italie, cinquante (50) ingénieurs en process formés par Honeywell/UOP et cinquante (50) cadres en management. Lorsqu’elle sera pleinement opérationnelle, elle fournira 135.000 emplois permanents. Sur place, il y a plus de 200 bâtiments construits pouvant accueillir environ 50.000 employés et leurs familles afin de les mettre dans les conditions nécessaires de travail ; chose rare dans les industries minières et énergétiques.
IV – Les défis énergétiques du Nigéria et de ses voisins liés à la mise en service de la ‘’DPRP‘ :’
Lorsque la raffinerie sera pleinement opérationnelle, il est prévu que le Nigeria n’importera plus aucun produit pétrolier et aussi de permettre au gouvernement nigérian de lever une bonne fois pour toutes les très couteuses (et inutiles) subventions aux importations de l’essence. Au fil des années, ces subventions ont fait naître et entretenu, un important lobby des tradeurs-spéculateurs d’essence qui a délibérément œuvré à la faillite des quatre (4) raffineries publiques gérées par la NNPC (1 à Kaduna, 2 à Port Harcourt, et 1 à Wari). Lors de la cérémonie d’inauguration de la DPRP, le Directeur Général de la ‘’Nigeria National Petroleum Corporation‘’ (NNPC), Mr Mele Kyari disait d’ailleurs qu’il est très, très difficile pour l’Etat de continuer à payer 400 milliards de nairas (quelques 800 millions d’euros) de subvention chaque mois (soit 6340 milliards FCFA par an ou encore 17,5 milliards FCFA de subvention par jour !). Tous les grands candidats aux dernières élections présidentielles avaient, durant la campagne, promis qu’une fois élu, ils suspendraient les subventions aux importations de l’essence. Comme il fallait s’y attendre, dans son discours d’investiture le lundi 29 Mai 2023, le nouveau Président Ahmed Tinubu annonçait la suppression totale de cette subvention (un couteau à double tranchant), qui il faut le rappeler est un système qui nourrit la corruption et assèche les caisses publiques. Dès le 30 Mai 2023, la décision fut officiellement confirmée et elle prendra effet le 1er Juillet 2023. Le carburant devrait alors passer du prix officiel à la pompe de 185 nairas (245 FCFA) à 550 nairas (727 FCFA), plus cher qu’au Niger où il est à 540 FCFA (408 nairas). Mais dès l’annonce de cette mesure, les prix ont tout de suite flambé au point d’atteindre le plafond de 700 nairas (925 FCFA) le litre à Abuja. Si cette tendance perdure, il est fort à craindre que l’essence en vente dans les pays limitrophes va frauduleusement se retrouver sur les marchés noirs au Nigeria, et l’occasion est toute trouvée par certains gouvernements pour justifier une augmentation artificielle (totalement irréaliste) du prix du litre d’essence dans leur pays (et peut-être même le KWh d’électricité, si l’on pousse encore l’inhumanité ?!). Cela pourrait bien intervenir avec les prochaines lois des finances. Les voisins producteurs de pétrole (Niger, Tchad, Cameroun), avec les insignifiantes productions de leurs raffineries risqueraient de se trouver en situation de ‘’panne sèche‘’. Pour combien de temps ? ? Toutefois, il ne fait aucun doute que la subvention du carburant a un impact très négatif sur les finances de l’Etat fédéral nigérian et qu’il aurait été fiscalement irresponsable de la conserver indéfiniment. Cette levée de subvention crée déjà un immense mécontentement chez les consommateurs, même si par ailleurs, elle permettra d’arrêter définitivement la corruption et la spéculation sur les produits pétroliers et les finances fédérales de gagner annuellement 10,33 milliards de dollars US (l’équivalent de 6340 milliards FCFA par an). A pleine capacité de ses 650.000 b/j, la ‘’DPRP‘’ couvrirait largement la demande totale du Nigeria en produits raffinés (450.000 b/j), et comme il est aussi question de réhabilitation des quatre (4) raffineries nationales en souffrance (capacités cumulées de 445.000 b/j), en sus des autres raffineries modulaires privées (de très petites capacités) du pays (la Walter Smith refinery, la OPAC refinery, la Niger Delta Petroleum refinery et la Edo Petroleum refinery), la production totale du pays en produits raffinés plus que doublera la consommation nationale. Avec une telle situation de ‘’surproduction‘’, les analystes pensent, il est même déjà question dans certains milieux, d’un possible réajustement à la baisse des prix à la pompe ; dans tous les cas, le gouvernement y a tout intérêt à le faire pour ramener les nigérians à la pompe et ainsi résorber les productions de toutes les raffineries du pays. Aliko Dangote songe pour sa part à faire des produits de sa raffinerie, ce qu’il fait aujourd’hui avec les produits de ses cimenteries : ‘’inonder‘’ les pays voisins ; et cela ne serait possible qu’avec des prix des produits raffinés très compétitifs. En effet, le lundi 22 Mai 2023 à la tribune de la cérémonie d’inauguration de la raffinerie, Aliko Dangote a promis de ‘’reproduire ce que [le groupe Dangote] a déjà réalisé sur le marché du ciment et des engrais, en faisant passer le Nigeria d’importateur à exportateur net‘’. Pour l’homme le plus riche d’Afrique, c’est une question de détermination et d’obstination, imprégnée d’un courage qui porte aujourd’hui ses fruits. Dans l’hypothèse d’une baisse des prix à la pompe ; en interne ça réduirait significativement la fraude et surtout compromettrait les milliers de raffineries artisanales clandestines qui écument les régions productrices de pétrole du delta du Niger et dans la sous-région (la mise en œuvre de la ZLECAf aidant), les raffineries des pays voisins (la SORAZ au Niger, la SNR de Djermaya au Tchad, la SONARA au Cameroun, la SIR en Côte d’Ivoire) pourraient être confrontées à de sérieux problèmes de mévente (pour le moment, l’on n’est pas encore là !). La société nationale NNPC sera actionnaire à hauteur de 20% de la ‘’Dangote Petroleum Refinery & Petrochemicals‘’ et lui fournira 300.000 barils de pétrole brut par jour. Cette question a aussi été soulevée par des experts de l’industrie pétrolière du Nigéria et la ‘’Crude Oil Refineries Owner’s Association of Nigeria (CORAN) – Association des Propriétaires de Raffineries de Pétrole du Nigéria‘’ qui, tout en saluant cette décision de la NNPC, ont fait part de leurs inquiétudes à l’effet que la société nationale semble avoir fait une certaine discrimination au détriment des autres raffineries du pays. En effet, ces dernières, rencontrent d’énormes difficultés d’approvisionnement en pétrole brut de la part de la NNPC, ce qui met durement à l’épreuve leur résilience et entrave leur capacité à se développer. L’Etat fédéral doit corriger cette erreur, en prenant des dispositions idoines pour éradiquer les vols de pétrole brut, qui ont été estimés pour l’année 2022 à peu près à 450.000 b/j ; ce qui correspond aux productions du Congo et du Gabon réunies. La mise en exploitation de la raffinerie Dangote, va rééquilibrer le bilan énergétique du Nigeria, accroîtra considérablement la plus-value (recettes fiscales, revenus directs, etc…) de l’Etat, avec très certainement la récupération des énormes pertes que subit l’Etat fédéral de près à 450.000 barils de pétrole brut.
V – Alhaji Aliko Dangote relève le défi de l’indépendance et de la pauvreté énergétique en Afrique
Aujourd’hui, force est de constater qu’en Afrique, il y a des enjeux globaux qui demandent une réponse globale, une synergie d’action, une mutualisation des efforts pour plus d’efficacité dans la gouvernance de nos ressources naturelles énergétiques (indispensables pour une indépendance énergétique de nos pays et pour la lutte contre la précarité et la pauvreté énergétiques dans laquelle végètent nos populations) et pour ce faire il faut absolument la participation de tous (gouvernements, partenaires internationaux, secteur privé africain,.. En effet, il est déplorable de constater que les pays d’Afrique restent encore très tributaires des exportations de leurs ressources énergétiques, tant en termes de devises que de recettes. L’Afrique détient au moins 13% des réserves pétrolières mondiales, principalement concentrées en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest. La consommation africaine en produits pétroliers est relativement faible ; elle s’établie à 4 millions b/j, soit 4,1% de la consommation mondiale. Avec la mise en exploitation de la raffinerie Dangote, ce taux va considérablement s’améliorer (en y ajoutant les 650.000 b/j de la ‘’DPRP‘’ et en tenant aussi compte du gain issu de la récupération probable des 450.000 barils perdus quotidiennement par la NNPC du fait de divers vols de son pétrole brut). Aussi, la mise en exploitation de la raffinerie Dangote va bien entendu permettre de diminuer (et épargner) les dépenses faites pour l’importation des produits pétroliers par certains Etats africains (bénéficiaires directs des retombées de la raffinerie Dangote). Je rappelle que le gouvernement fédéral du Nigéria va ainsi économiser annuellement 9,6 milliards d’euros (plus de 17 milliards FCFA par jour) de plus-value du fait de l’installation sur le sol national d’une raffinerie de pétrole de telle capacité. Pour sa part, la Banque Centrale du Nigéria (BCN) estime à près de 10 milliards de dollars US (5500 milliards FCFA), la contribution annuelle directe de la ‘’DPRP‘’ à l’économie nationale. Au niveau du continent, le pétrole constitue la seconde ressource d’énergie la plus consommée après la biomasse, avec une part de 28% dans le bilan énergétique, et l’essentiel des produits pétroliers consommés en Afrique nous viennent des raffineries d’Europe (pays non producteurs de pétrole) et du Moyen-Orient. Paradoxalement, les infrastructures de raffinage du continent (quelques 50 raffineries de pétrole, sont obsolètes pour l’essentiel et certaines en arrêt) ont des capacités très limitées et fonctionnent avec des coûts élevés vu qu’elles sont relativement anciennes (35 ans d’âge en moyenne). Malgré ses énormes gisements énergétiques (énergies fossiles et énergies renouvelables), et avec une population qui avoisine le milliard d’habitants, la consommation d’énergie primaire per capita de l’Afrique reste la plus faible du monde avec 0,63 tep (tonne équivalent pétrole) contre 1,76 tep au niveau mondial (4,31 tep pour l’Europe de l’Ouest, 8,46 tep pour l’Amérique du Nord). Si l’on exclut l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud, ce taux de consommation d’énergie primaire tombe entre 0,2 et 0,4 tep pour le reste de l’Afrique, c’est-à-dire l’Afrique Subsaharienne. La consommation annuelle de pétrole du citoyen africain moyen équivaut à un tiers (1/3) de la consommation individuelle moyenne mondiale et à un vingtième (1/20ème) de la consommation d’un américain moyen. Pire, le bilan énergétique de certains pays africains fait ressortir un taux de consommation de la biomasse (déchets agricoles et forestiers et le bois) de plus de 60% ; le reste étant constitué d’énergies dites modernes (produits pétroliers et électricité). L’Afrique, va-t-elle continuer à être pourvoyeuse des ressources énergétiques à d’autres pays du monde et ses citoyens continuer à vivre dans la plus désastreuse des précarité et pauvreté énergétiques ? Que font les Etats et les institutions régionales et sous-régionales sur la gouvernance du secteur énergétique? C’est justement le lieu de mentionner et saluer ici, la contribution éminemment importante d’un digne fils de l’Afrique, Alhaji Aliko Dangote qui a décidé de relever le défi dans la recherche de l’indépendance énergétique du continent et au-delà la lutte contre la pauvreté et la précarité énergétiques des populations africaines (avec une énergie moderne, propre, à un prix abordable qui contribuera à l’amélioration du revenu et du bien-être des populations). La raffinerie Dangote mettra à la disposition des consommateurs de toutes catégories sociales, des produits pétroliers énergétiques pour le transport, l’habitat, les services, des engrais pour l’agriculture, etc… En effet, l’accès à une offre d’énergie de qualité, à meilleur coût et en meilleure quantité, permet d’améliorer substantiellement les conditions de vie des populations car elle favorise l’amélioration de la productivité agricole, l’amélioration des services d’éducation, de santé, d’accès à l’eau, des activités commerciales génératrices de revenus, de communication, etc…. De nos jours, rien ne fonctionne sans énergie moderne et financièrement abordable …..et c’est ce défi que se démêle à relever Alhaji Aliko Dangote au grand bénéfice des africains. Aujourd’hui, Alhaji Aliko Dangote, qui fait l’honneur de l’Afrique, est célébré dans le monde entier comme l’homme (et non une société ou un Etat) qui a construit la plus grande raffinerie de pétrole (à « train unique ») du monde et qui est basée en Afrique …précisément en République Fédérale du Nigeria.
Par Ing. Mahaman Laouan Gaya, Ingénieur Pétrochimiste, Ancien Ministre de la République du Niger, Ancien Secrétaire Général de l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO)
Société
Societé:Café débat à Mayahi : Des échanges fructueux autour de la problématique des VBG assortis de l’engagement des chefs coutumiers à combattre le phénomène
Le Palais du Chef de Canton de Mayahi, l’honorable Gado Sabo, a servi de cadre, le samedi 29 novembre 2025, à l’organisation d’un Café débat en faveur de la lutte contre les violences basées sur le genre. Initié par le Réseau « Alliance Droits et Santé (ADS) » en partenariat avec le Canton de Mayahi, l’activité vise à poser un vrai débat autour des leaders coutumiers, chefs religieux et leaders d’opinion sur la problématique des violences basées sur le genre (VBG) et les sensibiliser les obstacles qu’elles constituent pour la jouissance des Droits humains par les femmes et les filles qui sont les plus touchées par ces pratiques discriminatoires.

Dans le discours qu’il a prononcé à cette occasion, l’honorable Chef de Canton de Mayahi a d’abord salué l’initiative et son caractère pédagogique pour l’ensemble de la communauté. Ce Café débat, dira-t-il, constitue un cadre approprié pour engager des discussions fructueuses et des échanges constructifs autour de ces pratiques socioculturelles discriminatoires. Des pratiques discriminatoires qui se dressent comme « obstacle à l’exercice des droits fondamentaux ainsi qu’au développement social et économique de nos États », a-t-il souligné.
Ces inégalités, ou disons ces violences, a expliqué l’honorable Gado Sabo, « peuvent revêtir plusieurs formes : physique, sexuelle, psychologique (émotionnelle), verbale, socioéconomique ou culturelle », ajoutant qu’elles sont « fréquentes aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain ».
Selon une étude réalisée en 2021, citée par l’honorable Chef de Canton de Mayahi, « la prévalence globale des VBG au cours de la vie est de 29,0%, soit respectivement 38,2% chez les femmes et 16,3% chez les hommes ».
Des statistiques qui démontrent aisément que la violence à l’égard de la femme connaît une recrudescence sans précèdent malgré qu’elle constitue une violation des droits humains, causant une dépendance, une privation et un préjudice à la femme.
Au Niger, a renchéri l’honorable Gado Sabo, « les violences basées sur le genre sont malheureusement exacerbées par la situation sécuritaire qui sévit dans le pays », engendrant toute une panoplie de conséquences sur les droits des femmes, notamment la surexposition des femmes déplacées aux violences sexuelles et autres abus dans les milieux d’accueil.
A toutes ces violences, vient s’ajouter le mariage d’enfants qui constitue une autre forme de violence basée sur le genre, malheureusement très pratiquée au Niger où des statistiques font état de « 76% des filles qui sont mariées avant l’âge de 18 ans, et 28% avant l’âge de 15 ans ».
Des chiffres alarmants qui interpellent à plus d’un titre. Pour l’honorable Gado Sabo, « ces pratiques sont inacceptables et nous interpellent à agir ensemble pour y mettre fin », car il s’agit, a-t-il expliqué, d’une « violation des droits de l’enfant, privant les filles de leur enfance, de leur éducation et de leur avenir » et ce, malgré « les efforts considérables fait par l’Etat du Niger dans le domaine de la lutte contre les violences basées sur le genre et le mariage d’enfants », a déploré le Chef de Canton de Mayahi.
Au rang de ces efforts, l’honorable Gado Sabo a évoqué « l’élaboration par le Niger de la stratégie nationale de prévention et de réponses aux violences basées sur le genre et aux abus et exploitations sexuels (VBG/PSEA) ainsi que son plan opérationnel 2024-2028 », puis « le plan stratégique national pour mettre fin au mariage des enfants au Niger 2024-2028 avec des objectifs clairs et des actions concrètes pour protéger les droits des enfants, en particulier des jeunes filles ».
Ces efforts, a-t-il dit, « méritent d’être poursuivis à tous les niveaux », avant de souligner pour sa part, qu’en acceptant de parrainer ce Café débat en faveur de la lutte contre les violences basées sur le genre, « je viens de montrer l’engagement des leaders coutumiers et de l’Etat àpromouvoir et à protéger les droits des femmes et des jeunes filles où qu’elles soient : en milieu urbain ou en milieu rural », tout en rappelant que « les plus hautes autorités de la République font de la réalisation des droits humains en général et des droits des femmes et des jeunes filles en particulier, une de leurs priorités ».
En concluant son propos, l’honorable Chef de Canton de Mayahi a mis à profit cette activité pour lancer un appel à tous, « leaders coutumiers et religieux, partenaires Techniques et Financiers (PTF), ONG et Associations de jeunes et de femmes à consentir encore plus d’efforts et de soutien pour aider les femmes et les jeunes filles d’aujourd’hui d’en finir avec les inégalités de genres ».
Aux termes de ce Café débat, le point focal de l’ONG ASMADE au Niger, M. Lawali Amadou s’est félicité du succès enregistré par cette activité, la qualité des échanges et surtout l’engagement des leaders coutumiers à s’engager davantage dans la promotion des Droits des femmes et des filles, à travailler aussi en synergie pour combattre les violences basées sur le genre qui « constituent une des pires violations des Droits humains fondamentaux », et à œuvrer pour que « nous arrêtons d’être des auteurs ».
Souleymane Brah
Société
Meilleurs acteurs du développement : Catégorie Ministres : Le Colonel Mahaman Elhadj Ousmane récompensé !
C’est devenu une constante, presque une tradition établie, à chaque palmarès, classement ou bilan annuel, le nom du colonel Mahaman Elhadj Ousmane s’affiche, des fois plébiscitées, des fois promues, la plupart des temps cité.

Observateurs, laboratoires d’analyses, cercles de réflexions, comités techniques, tous sont unanimes à reconnaître l’engagement d’homme, la ténacité d’un leader et le charisme d’un responsable toujours sur le chantier du développement. C’est à l’œuvre qu’on reconnaît l’artisan dit-on et le colonel Mahaman Elhadj Ousmane ne fait pas exception à la règle.
Loin des salons douillets, l’homme est constamment sur le terrain. Comme un explorateur, il a sillonné tous les coins et recoins du Niger, échangé avec toutes les couches socioprofessionnelles surtout agro-pastorales, présenté des communications à tous les foras et défendu des dossiers clés avec des partenaires stratégiques (à la clé la note de satisfaction des Nations Unies).
Parmi les actions marquantes conduites sous son mandat figurent :
– La relance du programme national d’irrigation pour mieux exploiter le potentiel hydro-agricole du pays ;
– Le soutien accru aux organisations paysannes et pastorales à travers surtout l’encadrement technique ;
– La promotion de l’agro-industrie locale, afin de valoriser la production nationale et créer des emplois pour les jeunes ;
– Et la mise en place de stratégies d’adaptation au changement climatique, particulièrement dans les zones sahéliennes.
Ces initiatives traduisent la volonté du Ministre de positionner le Niger sur la voie de la souveraineté alimentaire et du développement durable, en cohérence avec la vision du CNSP pour un État fort, productif et résilient.
Il n’y a donc rien de surprenant qu’il reçoive cette énième distinction lors de la soirée de gala des meilleurs acteurs du développement au Centre International de Conférences Mahatma Gandhi de Niamey ce vendredi 10 octobre 2025.
SOB
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