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Enquête : Les déchets plastiques et les inondations à Niamey : Facteurs clé du dérèglement climatique

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Les déchets plastiques constituent un problème environnemental majeur et sont une source de pollution durable et dangereuse. Selon les rapports nationaux sur l’Etat de l’environnement au Niger 2021, un nombre important de sachets plastiques jetables est distribué chaque jour au Niger. En termes de déchets plastiques non recyclés produits, c’est 290 000 tonnes qui sont déversées chaque année au Niger. Ainsi, la ville de Niamey, produit chaque jour, (en raison de 0,75 kg/déchets/habt/jour) environ 1.125 tonnes de déchets composés essentiellement de sable (54%), matière organique (31%), plastiques (5%), papier carton (3%) et autres. Seulement 60% sont évacués hors de la Ville de Niamey, le restant à savoir 40% (450tonnes) reste dans la ville servant de remblai, ou dans les caniveaux.  

A Niamey, tout est emballé dans des sachets plastiques. Ces derniers continuent d’envahir les rues et les cours d’eau pour s’agglomérer autour des voies d’assainissement, ou se voir transportés par le vent et charriés par le ruissèlement des eaux des caniveaux. En effet, la croissance démographique, l’urbanisation galopante, les modes de production et de consommation non maitrisés font augmenter les déchets urbains. De surcroit les déchets plastiques ! Cela n’est pas sans conséquence sur la vie des êtres qui vivent dans un tel environnement. Selon M. Mahamadou Moubarak, géographe de formation :’’la pollution fluviale qui provient principalement du plastique a un impact terrible sur les espèces fluviales’’. Elle nuit à l’économie et à l’approvisionnement alimentaire des communautés qui dépendent de la pèche. Car dira-t-il : ‘Le plastique peut blesser des minuscules organismes comme le plancton, dont les gros animaux dépendent pour se nourrir. Si des petits organismes sont empoisonnés en ingérant du plastique, les animaux qui les mangent consommeront également des toxines’’. Le plastique endommage non seulement le fleuve mais aussi les sources d’eaux souterraines.  Sur la terre ferme ‘’les déchets  que transporte le vent  dans l’environnement peuvent rester coincés dans les arbres, les clôtures. Explique M. Moubarak selon lequel, ‘’Lorsque les animaux entrent en contact avec ces déchets plastiques, ils risquent de consommer des toxines où de s’emmêler dans le plastique et de suffoquer’’. Aussi, poursuit-il, ‘’ lorsque le sachet  est brulé à l’air libre, il libère de grandes quantités de toxines qui polluent l’air. Si les toxines sont inhalées pendant une longue période, cela peut entrainer des problèmes respiratoires. 

Il suffit de faire un tour dans les 5 arrondissements communaux de la ville de Niamey pour constater qu’aucun quartier n’est épargné par l’envahissement des déchets plastiques. Mme Kadi Ousseini, la quarantaine, habitante du quartier Cité Députés n’en voit pas plus d’usage qu’elle n’en fait : ‘’ Moi, j’ai toujours utilisé le sachet plastique lors de mes achats au marché. Après utilisation, je les jette à la poubelle. Après, il y a un ramasseur qui vient à la maison les ramasser afin de nous en débarrasser moyennant la somme de 2000 FCFA/mois’’. Si Kadi paie pour ramasser les ordures, à l’instar d’ailleurs de toutes celles qui bénéficient des services de ramasseur d’ordures, ce n’est pas le cas de plusieurs autres qui jettent leurs déchets directement dans les caniveaux. Ce qui n’est pas sans conséquences sur leur environnement. ‘’Les caniveaux sont très bas, c’est à dire en dessous du niveau du sol. C’est qui fait que les déchets que le vent transporte se retrouvent dans les caniveaux obstruant le passage des eaux usées déversées des concessions’’ ; témoigne Mme. Zakari FATI, habitante du quartier Gamkallé. Ce genre de spectacle s’observe au quartier Bangabana situé dans le 5ème arrondissement communal de Niamey, les caniveaux obstrués transformés en gites larvaires par les moustiques.  Dans ce quartier situé sur la rive droite du fleuve Niger, la santé des riverains est plus que menacé.  M. Hama Tondi tire la sonnette d’alarme :’’ Il est vraiment temps pour nous de se ressaisir’’ car, dit-il, ’’si l’on doit attendre les autorités, on ne pourra jamais changer les choses et finalement c’est nous qui allons ramasser les pots cassés’’. Dans un autre quartier de la ville, Dan Zama Koira, les habitants sont confrontés surtout au manque des caniveaux d’évacuation des eaux usées. Ici les déchets plastiques sont entassés à l’air libre.

Dans le souci de faire face aux problèmes de gestion des déchets plastiques, l’ONG SAHEL AID a permis de développer des initiatives privées et communautaires. Selon son coordonnateur M. Diarra Adamou OUMAROU, le passage des collecteurs des déchets plastiques moyennant la somme de 2000 FCFA ci-dessus décrit par Mme Kadi Ousmane rentre dans le cadre de la mise en œuvre du projet communautaire de gestion des ordures ménagères par l’ONG (SAHEL AID) qu’il dirige.  Ce projet compte 3000 ménages bénéficiaires dans deux arrondissements communaux de la ville de Niamey, à savoir les arrondissements communaux I et II.  La collecte de ces sachets ramassées se fait de deux façons, a-t-il précisé : « tout ce qui est flacons plastiques et ferrailles sont sélectionnés et revendus et les autres ordures sont évacuées au niveau des décharges officielles ».

Une autre ONG impliquée dans la gestion des déchets plastiques c’est GVD Afrique. Ici, on veut donner une seconde vie aux déchets plastiques. Un centre de collecte, de tri et de transformation a même été créé à cet effet. Selon son directeur M. Moussa Dogo, on en fabrique des pavées, des dalles, des caniveaux, des latrines, et même des panneaux, voire des toilettes et des classes entières, sans oublier aussi des objets de décoration. De plus en plus de personnes sont intéressés par la transformation des déchets plastiques.  Depuis 2015, l’entreprise TaZolt s’y est spécialisée. Lauréat lors de la compétition numérique nationale E-Takara, TaZolt recycle les déchets pour les transformer en objets utiles. Son responsable Moussa Sidi  nous informe que le ramassage des ordures est véritable secteur pourvoyeur d’emplois. La preuve, son entreprise emploie 25 femmes qui font la collecte et sont payés par mois en fonction de la collecte en raison de 50 f le kg. Il décrit ainsi la procédure de collecte et de transformation en ces termes : ‘’ Ces déchets récoltés sont triés pour garder les plastiques souples. Ensuite, ils sont placés dans une fondeuse fabriquée localement’’. A partir du produit ainsi obtenu, l’entreprise TaZolt produit des tables bancs pour école, des bancs publics, des chaises, des tables de bureau, des portes et fenêtres, au rythme de 160 kg à 220 kg de déchets plastiques fondus et transformés en matière première chaque jour.   

La gestion de ces déchets plastiques est vitale pour une ville comme Niamey, au regard des conséquences que peut engendrer un laisser-faire. Issiakou Alzouma, expert environnementaliste donne toute la mesure des conséquences en l’absence d’un système efficace de collecte des déchets plastiques :’’ l’utilisation des déchets utilisés comme fertilisants mélangés aux sachets plastiques contribuent à la réduction du taux d’infiltration d’eau dans le sol et ainsi faisant à la baisse de rendement agricole’’.

Dans le but d’arrêter carrément l’importation et la vente du sachet plastique sur le sol nigérien, l’ONG la Concorde dans son combat ‘’Agir plus vite pour un Niger sans sachets plastiques’’ a mené un plaidoyer qui a été remis aux élus nationaux. Porteuse de cette initiative, l’honorable députée Hadiza Seyni, ancienne vice-présidente de l’Assemblée nationale explique : ‘’Vous n’êtes pas sans savoir qu’au Niger, la prolifération des déchets plastiques est l’un de nos grandes préoccupations. Il faut arrêter l’importation de ces déchets plastiques dont les dangers sont avérés pour la vie humaine, animale et végétale. D’où notre engagement dans ce combat. Et tant que nous continuerons à en importer, nous ne serons pas à l’abri des dangers qu’ils causent. M. Sani Ayouba, acteur de la société civile qui milite en faveur de l’environnement déplore l’inapplication de la loi n°2014-63 du 5 novembre 2014. L’Etat, dit-il, ne peut pas vouloir arrêter l’importation tout en continuant d’en tirer profit à travers des taxes douanières liées à cette importation. Plusieurs actions tendant à sensibiliser et interpeller sont engagés par les acteurs de la société civile nigérienne sur les dangers des déchets plastiques, a laissé entendre Sani Ayouba à travers un programme qui consiste à créer des clubs verts au sein des établissements scolaires afin de promouvoir l’éducation environnementale dans ce milieu. ‘’L’une des activités phares de ces clubs porte la gestion des déchets plastiques. Nous organisons des cafés sciences et des thés débats dans les universités où on essaye de montrer la responsabilité de tout un chacun face à l’utilisation du sachet plastique’’, a-t-il détaillé. Pour le colonel Boukari Koura Yagana, lors de l’importation des sachets plastiques sur le sol nigérien, la douane doit :’’ avoir des équipements permettant de déceler les sachets plastiques biodégradables des non-biodégradables, avant leur introduction sur le sol nigérien. C’est comme cela que le Niger peut arriver à interdire l’utilisation des sachets plastiques au Niger.

Les autorités municipales ne sont pas en reste dans la lutte contre les déchets plastiques.  M. Nourridine Laouali, directeur général de la Salubrité Urbaine et de l’Amélioration du cadre de vie de la ville de Niamey dira que 4 principes président à la gestion durable des déchets plastiques dans la capitale : la prévention-valorisation-élimination, la sensibilisation, l’application du principe « pollueur-payeur », et le rôle prédominant des collectivités locales parmi les acteurs de la filière. Comme défis et perspectives, sa direction promet d’amener la population à un changement de comportement, de promouvoir le partenariat public-privé dans le domaine, de créer une taxe écologique pour financer la gestion des déchets et d’aménager une décharge contrôlée pour chacune des 4 grandes villes du Niger (Niamey, Maradi, Zinder et Tahoua). Au niveau étatique, on n’entend pas rester les bras croisés.  ‘’L’Etat du Niger doit accompagner en votant davantage un budget conséquent pour la gestion et la valorisation des déchets ‘’, a déclaré Mme Garama Saratou Rabiou Inoussa, ministre de l’Environnement et de l’Assainissement Durable dans sa communication faite lors de la session du Conseil des Ministres en juin 2021 lors du conseil des ministres en date du juin 2021. Dans un rapport de trois 3 pages présenté à cette occasion, elle a proposé des actions opérationnelles tendant à inverser la tendance dont, entres autres, l’amélioration du climat d’affaires de manière à inciter le secteur privé à investir dans un partenariat gagnant-gagnant avec l’Etat et/ou les collectivités et l’équipement des services de contrôle en matériels de détection de qualité de la qualité des sachets et emballages en plastiques. Le lieutenant-colonel des Eaux et Forêts Coulibaly Adamou, directeur du cadre de vie et gestion de déchets du ministère de l’Environnement ne manque pas de relever les efforts de l’Etat pour réduire les dégâts liés aux sachets plastiques. Selon lui, la loi est en train d’etre révisée pour ne permettre que le plastique biodégradable ».

Dans ce combat, l’Agence de Modernisation des Villes du Niger (AMV-Niger), travaille sans relâche sur deux registres en termes d’expérience pilote contre les déchets plastiques, a laissé entendre Moctar MAMOUDOU, Directeur de ladite agence qui promet une révolution dans ce sens. Lui aussi pense à la solution alternative de sachets biodégradables.

 Cette enquête réalisée par Ousmane RACHIDA, fait suite à l’atelier de Renforcement des capacités des 12 journalistes Nigériens sur les nouvelles approches d’investigations environnementales basée sur des données et sensible au changement climatique organisé au Niger par l’Institut Panos Afrique de l’Ouest (IPAO) dans le cadre du projet ‘’Open climate reporting initiative’’(OCRI).

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Lac de Guidimouni : un écosystème en péril sous la menace du changement climatique

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Près de 100.000 habitants dépendent des eaux du Lac de Guidimouni, dans la région de Zinder. Mais aujourd’hui, ce réservoir de vie est en train de s’épuiser. Résultat, pertes de revenus des producteurs, insécurité alimentaire croissante et exode des jeunes vers le Nigeria et/ou la Libye. Derrière ce constat alarmant se cache une catastrophe écologique silencieuse, qui menace de faire disparaître à la fois un écosystème et tout un mode de vie.

Vue partielle du Lac de Guidimouni / Ph : M. ALI

Un site stratégique entre maraîchage et survie communautaire

Situé dans le département de Damagaram-Takaya, région de Zinder, le Lac de Guidimouni ou plutôt les mares de Guidimouni, comme les appellent certains chercheurs, regroupe deux plans d’eau essentiels à la vie socio-économique locale. La proximité du Lac avec les habitations a permis, depuis des décennies, la pratique du maraîchage, de la pêche et de l’élevage. D’après les chiffres de l’INS, la commune de Guidimouni compte en 2022, environ 99.774 habitants pour une superficie de 1.123 km². Ces populations, sédentaires ou nomades, dépendent fortement de ces mares pour leurs besoins quotidiens en eau et leurs activités économiques.

Localisation de la cuvette de Guidimouni et de son bassin versant à l’échelle de la commune. (BADAMASSI MALAM ABDOU Moutari, 2023, Dynamique actuelle de la cuvette de Guidimouni et ses conséquences socio-environnementales, Master de Géographie, Département de Géographie, Université André Salifou (Zinder), 77 pages)

Pour Maman Bachir Moudi, Chef du Service communal de l’environnement et de la lutte contre la désertification à Guidimouni, le phénomène d’ensablement du lac a fortement impacté les revenus des producteurs agricoles. « Les terres arables sont progressivement perdues, envahies par le sable charrié et entraîné dans le bassin. Un producteur qui gagnait autrefois entre 700.000 et 800.000 FCFA ne perçoit aujourd’hui plus que 300.000 FCFA », explique-t-il.

Mallam Moudaha est producteur maraîcher et pêcheur, habitant de la rive droite du Lac de Guidimouni et natif de la localité. D’après lui, le Lac représentait la principale source de revenus pour les populations de Guidimouni. «  Sur ce lac, nous pratiquions le maraîchage et la pêche, qui occupaient une place centrale dans la vie de notre communauté. La pêche, notamment, était une activité très répandue chez les jeunes. Aujourd’hui, la situation s’est fortement dégradée. L’avancée du désert a rendu les terres autour du lac impropres à l’agriculture ».

Avec l’augmentation rapide de la population, les terres cultivables se font de plus en plus rares. « Autrefois, les familles étaient moins nombreuses et les cultures leur suffisaient à subvenir à leurs besoins. Aujourd’hui, certaines familles ne parviennent même plus à vivre trois mois avec les récoltes agricoles », fait observer Mallam Moudaha. Comme si cela ne suffisait pas, l’avancée du désert empêche toute culture de contre-saison. Ces cultures étaient pourtant essentielles pour compléter les récoltes agricoles et maintenir un certain équilibre dans leurs moyens de subsistance.

Formation végétale de la cuvette / Cliché. Badamassi Malam Abdou Moutari

« Ce qui m’inquiète le plus aujourd’hui, ce sont les activités économiques. Autrefois, les familles tiraient d’importants revenus de la revente et de la transformation des produits maraîchers jusqu’à 600.000 FCFA par producteur et par saison. Mais à présent, ce sont des milliers de dattiers, de goyaviers, de papayers et de citronniers qui disparaissent peu à peu, victimes d’un phénomène climatique que nous ne comprenons toujours pas, ce qui réduit nos revenus », déplore Baba Dan Kako, producteur maraîcher et pêcheur, natif du village Killaloun situé à la rive gauche du Lac Guidimouni.

Images des dattiers et de citronniers autour du Lac de Guidimouni autrefois / Crédit Photo : https://visit-niger.com/listing/le-lac-de-guidimouni-zinder-niger

Toujours selon Baba Dan Kako, beaucoup de jeunes, de 18 à 35 ans, n’ont eu d’autre choix que de partir. Ils s’exilent vers le Nigeria et la Libye à la recherche d’activités génératrices de revenus, pour pouvoir envoyer un peu d’argent à leurs familles restées au village. Leurs parents vivent aujourd’hui dans une grande précarité alimentaire. « Cette situation ne peut pas durer. Si rien n’est fait, si aucune solution durable n’est trouvée, nous serons tous, un jour ou l’autre, contraints de quitter cette terre que nous aimons, emportés par cette catastrophe écologique et climatique », explique-t-il.

Le 21 octobre 2025, nous retrouvons Moussa Souley dans une petite ville du nord du Nigeria, où il vend désormais du café au bord d’une route poussiéreuse. À 28 ans, ce jeune originaire de Guidimouni n’aurait jamais imaginé quitter son village et son lac. « Là-bas, je vivais de mon jardin et d’un petit champ près du lac », raconte-t-il. Grâce aux cultures maraîchères et à la saison agricole, Moussa gagnait en moyenne 300.000 FCFA par récolte, de quoi subvenir modestement à ses besoins et soutenir sa famille.

Mais ces cinq dernières années, tout a basculé. « La terre s’est asséchée, l’eau a reculé, et les récoltes ont disparu », confie-t-il, le regard perdu. Les variations climatiques autour du lac Guidimouni – baisse du niveau d’eau, sols appauvris, vents violents et manque de pluie – ont réduit son exploitation à néant. « Nous avons essayé de tenir, mais chaque saison était pire que la précédente. On n’avait plus rien », ajoute Moussa Souley.

Face à l’impossibilité de vivre de son travail, Moussa a fini par partir, laissant derrière lui sa famille et ses terres. Comme beaucoup de jeunes de la zone, il a pris la route vers le Nigeria dans l’espoir de trouver un revenu et de reconstruire sa vie. « Je ne suis pas parti parce que je voulais. Je suis parti parce que la nature nous a chassés », dit-il avec amertume.

Des transformations écologiques alarmantes

Depuis 2017, « les deux plans d’eau sont devenus permanents, conséquence directe des bouleversements climatiques », explique Maman Bachir Moudi, Chef du Service communal de l’environnement. « Leur configuration évolue rapidement, modifiant les équilibres naturels et économiques, poursuit-il. Le site fait désormais face à une série de menaces environnementales : érosion éolienne et hydrique, remontée des températures, inondations répétées, perte de biodiversité ».

Vue des pêcheurs en activité sur le  Lac de Guidimouni / Ph : M. ALI

Selon Maman Bachir Moudi, l’autre problème majeur consiste en l’envahissement d’une large partie de la surface du lac par une plante aquatique invasive, Typha australis, appelée localement « Katchalla ». Cette prolifération affecte directement la communauté de pêcheurs, qui compte plus d’une centaine d’acteurs à Guidimouni et dans les villages voisins tels que Koussa et Goui-Goui. Sous l’effet du vent, le Typha déplace facilement les filets de pêche, entraînant la perte des engins et du matériel, ce qui fragilise davantage ces populations dépendantes de cette activité.

Vue du Typha australis dans le Lac de Guidimouni / Ph : M. ALI

La déforestation autour du lac Guidimouni accentue la vulnérabilité de l’écosystème face aux effets du changement climatique. Selon le Coordonnateur du projet de Régénération Naturelle Assistée (RNA) dans le Bassin du Lac Tchad, M. Souleymane Amadou, les pratiques de gestion durable des ressources naturelles restent encore limitées, alors même que la RNA constitue une solution simple, peu coûteuse et efficace pour restaurer la couverture végétale et stabiliser les sols.

Avec l’appui du Projet de Conservation du Bassin du Lac Tchad (PCBLT), 30 paysans pilotes issus des 9 villages autour du lac ont été formés et accompagnés dans l’adoption de cette technique, permettant de favoriser la repousse naturelle des arbres, protéger les berges et renforcer progressivement la résilience des communautés riveraines. « Restaurer la végétation, c’est protéger le lac et l’avenir des populations qui en vivent », souligne le Coordonnateur.

Vue des Palmiers Doumiers dans le Lac de Guidimouni / Ph : M. Ali

Quelles solutions pour atténuer les effets ?

Selon le Chef du Service des Eaux et Forêts en poste à Guidimouni, Maman Bachir Moudi, des actions urgentes et coordonnées sont nécessaires pour sauvegarder le lac et renforcer la résilience des populations. Parmi les solutions envisagées, la restauration du couvert végétal autour du lac et sur les bassins versants figure en tête des priorités. La mise en place de diguettes, cordons pierreux et plantations d’espèces locales vise à réduire l’érosion des sols, améliorer l’infiltration des eaux de pluie et freiner l’ensablement.

Maman Bachir Moudi encourage aussi le développement de pratiques agroécologiques et agroforestières, permettant aux riverains de diversifier leurs sources de revenus tout en réduisant la pression sur le lac. Des activités alternatives comme l’apiculture, le maraîchage maîtrisé ou l’écotourisme peuvent offrir de nouvelles perspectives économiques.

Un pêcheur ayant pêché un gros poisson sur les abords du Lac de Guidimouni / Ph : M. ALI

Le Lac de Guidimouni, longtemps source de vie, est aujourd’hui au cœur d’un drame écologique silencieux. Sans une action concertée, urgente et durable, c’est tout un écosystème et une population qui risquent de disparaître. Ce cas emblématique illustre les défis immenses que pose le changement climatique en milieu sahélien.

Enquête réalisée par Mounkaila ALI avec le soutien de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) dans le cadre du Programme Sahel.

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Migration des femmes africaines d’Agadez vers l’Europe : L’espoir d’une vie paisible brisé en fantasme !

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Vaste pays de l’Afrique de l’Ouest, le Niger couvre une superficie de 1.267. 000 km2 dont 2/3 est désertique. Ces dernières années, la question de la migration notamment irrégulière est l’un des défis auxquels le pays est confronté. En effet, le Niger est à la fois un pays d’origine, de transit et de destination de la migration. Le pays partage 5.697 kilomètres de frontières avec ses six voisins dont l’Algérie et la Libye, le plaçant ainsi au centre des mouvements migratoires de l’Afrique surtout de l’ouest et du centre.

photo Dr (une vue des migrants abandonnés dans le désert)

La région d’Agadez située dans le Nord Sud du pays est la capitale cosmopolite où tout candidat à la migration est obligé de séjourner. Selon les données publiées par l’organisation internationale pour les migrations (OIM), entre 2016 et janvier 2025, le Niger a enregistré un nombre total des migrants (entrant et sortant) de l’ordre de 7. 683. 863 personnes. Pour la seule période de janvier 2025, 160.989 migrants sont sortis du pays tandis que 115.175 migrants sont rentrés.

Cependant, au cours de leur aventure souvent périlleuse, les candidats à la migration sont confrontés à d’énormes obstacles. Entre abandon dans le désert du Sahara, torture et humiliation par les passeurs, beaucoup sont arrêtés, emprisonnés dans les centres de rétention en Algérie ou en Lybie avant d’être expulsés dans le désert à la frontière avec le Niger. Parmi eux, on trouve des femmes, des filles et des enfants mineurs nigériennes et aussi des autres nationalités africaines. Ces migrantes subissent d’énormes difficultés comme les violences sexuelles et basées sur le genre, les abus et exploitation et la traite des personnes. Pourtant, la protection des droits humains surtout des migrantes doit être une préoccupation pour les Etats. 

Si certains migrants ont fui la pauvreté ambiante, le chômage pour chercher une vie meilleure et une opportunité d’emploi notamment en Europe, d’autres pourtant quittent leurs pays d’origine à cause des conflits et des instabilités politiques. Dans la plupart de cas, les récits de ces migrants notamment les femmes, les filles et les mineurs ne sont toujours pas racontés et ou déformés de leurs réalités. D’où la nécessité de donner la parole à ces braves femmes qui bataillent pour mener une vie paisible.

Malgré les périls : L’idéal c’est l’arrivée à destination !

Agadez, la capitale de l’Aïr est une veille ville historique où depuis des années, les migrants, les réfugiés et même les demandeurs d’asile en transit soit en partance pour l’Europe, soit au retour après leur refoulement cohabitent ensemble avec la population locale. Issus de plusieurs nationalités, chaque femme migrante à son propre vécu. Si certaines connaissent les risques et se sont préparées et déterminer à rejoindre l’Europe via la Lybie ou l’Algérie au prix de leurs vies, d’autres en revanche se sont inspirés des histoires des succès racontées des autres migrantes surtout les investissements réalisés au pays d’origine pour entreprendre le voyage.

Photo Dr ( migrants secourus par les fds)

Rencontré dans un ghetto, une maison où la plupart des migrants en transit séjournent avec la bénédiction des passeurs, Amélia est une femme d’origine ghanéenne. A peine la trentaine révolue, elle a quitté son pays d’origine, traversant les frontières terrestres des autres pays jusqu’à Agadez au Niger. Les multiples procédures en cours de route ne l’ont pas découragé de poursuivre son rêve : « J’ai longtemps rêvé d’aller vivre en Europe pour tenter ma chance. Je connais beaucoup de ghanéens qui ont réussi dans la migration. Pourquoi dois-je m’empêcher alors que tout est possible dans la vie. Il faut simplement avoir un objectif et se donner tous les moyens de l’atteindre. Déjà en cours de route, j’ai suivi pas mal de problèmes surtout les raquettes ». A la question de savoir si elle est au courant du calvaire et autres altercations au cours du voyage surtout dans les pays magrébins, Amélia répond : « certes, il y a des soucis partout et le plus souvent ce sont ces problèmes au quotidien qui poussent beaucoup des africains à quitter et à s’aventurer dans la migration. Tout de même, certains arrivent à traverser et à réussir en Europe ».

Tout comme Amélia, Gloria est une jeune fille nigériane qui attend le convoi pour le voyage. « Je n’ai aucune idée de la route. Ce sont mes contacts qui m’ont mise en relation avec les passeurs d’Agadez. Ils sont censés m’amené en terre algérienne et pour le moment j’attends. ». Pour son premier voyager sur l’Algérie, elle fonde beaucoup espoir : « C’est vraiment un rêve. Avant le covid 19, on avait planifié de partir mais la pandémie a chamboulé notre programme. Depuis 2023, avec la reprise des activités sans risque des passeurs, mes contacts m’ont encouragé à les rejoindre. Ça fait dix jours que je suis à Agadez et espère qu’on va bientôt partir ». Es-tu au courant que lors du voyage ou sur place en Algérie, les femmes subissent des violences y compris sexuelles ? Elle me répond : « Celui qui décide d’entreprendre ce genre d’aventure doit s’attendre à tout y compris la mort. Pour moi, ce voyage ne se prépare pas en un seul jour. Il peut y avoir des difficultés mais l’essentiel c’est aller à destination ».

Si les rêves de Amélia et Gloria, c’est d’aller jusqu’en Europe, l’aventure de la nigérienne Aichatou Issa s’arrête en Algérie : « Nous partons en Algérie pratiquer la mendicité, si vous partez avec des enfants, vous avez la chance de gagner beaucoup d’argent parce que les arabes donnent de l’aumône ». Savez-vous que le voyage est risqué et que vous pouvez perdre votre vie ? « Beaucoup ont perdu la vie dans le désert et même sur place en Algérie. Mais bon, il faut trouver le moyen de vivre. Malgré les difficultés, beaucoup de mes connaissances se sont réalisés dans les zones de Tahoua et Zinder. A chacun son destin et sa chance ». Comment le fonds sont mobilisés ? Aichatou réplique : « tout dépend de la personne. Certaines sont soutenues au niveau de la famille, d’autres vendent leurs biens, et il y a celles qui exercent des petites activités y compris la mendicité à Arlit ou à Agadez pour mobiliser l’argent ».

Vivre dans l’humiliation : le quotidien des migrants en Lybie et en Algérie !

En Algérie comme en Lybie, les migrants africains sont exposés à toute humiliation. S.Htémoigne que :« les femmes travaillent dans des maisons en tant qu’aide-ménagère ou garde enfant. Comme vous êtes à leurs services et qu’ils sont les maitres, beaucoup abusent parce que vous n’avez pas le droit de parler ou disons de contester quoi que ça soit. En dehors de la violence psychologique, le plus souvent, les femmes sont forcées sexuellement ». Une pratique abusive dénoncée par le président de l’ONG JMED Hamidou Nanou Nabara « ces pays maghrébins malgré un certain nombre d’engagements internationaux et même l’adoption de la convention relative aux droits des migrants, sur le terrain, on se rend compte qu’ils ne respectent pas du tout les engagements et font des migrants des objets de manipulation pour leurs partenaires ».

Photo Dr ( migrants assistés par les agents de l’ONG Karkara)

Pire, les femmes, les filles et les mineurs ne sont pas épargnés dans les violences. A.I en est une victime de ces transgressions « En Lybie, il n’y a aucun respect de l’être humain. Torture, abus sexuels, vols…le plus grand risque est que lors de votre détention, ils prennent tous vos biens et puis ils vous forcent à appeler la famille afin de pays la rançon. Beaucoup sont victimes de rançonnage ».

Pour Abdoul Aziz Chégou, responsable de la JNSDD Aikin Kasa, Coordonnateur de Alarme Phone Sahara, la plupart sont arrêtés lors des enlèvements sur le terrain ou leurs lieux de travail : « A l’issue de rafles, les économies sont arrachées en même temps que les objets de valeur tels que des vêtements, des appareils électroniques, des articles de valeur, etc. pour le seul fait d’avoir mis pieds dans un territoire dont la personne n’est pas originaire. Ces genres de traitement à la limite trop subjectifs sont à n’en point douter contraires aux principes de respect de droits humains contenus dans des instruments juridiques de portées nationale, sous régionale et même mondiale. Cela donne la sensation de chair de poule à toute personne dotée de bon sens et renvoie à des souvenirs amers remontant à des époques à jamais révolues ». Pour lui de tout temps, l’être humain a voyagé et cela ne doit pas être une contrainte : « Il suffit juste de parcourir des documents d’histoire pour se rendre compte qu’il y a quelques décennies de cela le plus gros des mouvements d’êtres humains se faisaient des autres continents vers l’Afrique ou de la partie septentrionale du continent africain vers le sud. Aujourd’hui, il est aberrant que ce soit une population composée majoritairement de jeunes, d’adolescents et d’enfants qui subissent le poids du racisme et de la maltraitance sous diverses formes comme si les autochtones de ces pays ne voyagent pas au-delà de leurs frontières nationales. Quoi que l’on dise, le déplacement de l’être humain sur la terre date de millions d’années. L’Homme a depuis son apparition sur terre eu les faveurs de se mouvoir par l’usage de ses membres dont il a été doté, à dos d’animaux ou grâce au progrès techniques et technologiques que ce soit sur terre, en mer ou dans l’espace. Quel qu’en soit le reproche que l’on puisse faire à un être humain, la violation de ses droits doit être bannie ».  

Le refoulement des migrants brise l’aventure des migrants !

Malgré l’accord bilatéral entre le Niger et certains pays comme l’Algérie, ce pays continu de refouler les migrants ouest africains vers la frontière avec le Niger. « Dans ma vie, je n’ai jamais pensé qu’un être humain peut maltraiter son prochain de la façon dont nous avons été malmenés. Imaginez, en dehors des violences psychiques, nous avons été abandonnés comme de mal propre en plein désert, sans eau ni nourriture » a affirmé S.A

Ce témoigne ne surprend guère, le responsable de l’ONG Alarme Phone Sahara, qui en 2024, a recensé un nombre record des migrants expulsés d’Algérie vers le Niger. Ce nombre dépasse de loin toutes les statistiques des années précédentes. « Les assistances que nous faisons aux refoulés sont diverses et varient selon les besoins réels que nous constatons sur le terrain à Assamaka, à Arlit, à Agadez et à Niamey. Les mêmes personnes peuvent être assistées sur plus d’un besoin à la fois. Nous pouvons sensibiliser ou conseiller ou même offrir de l’aide sous forme de transport, de référencement ou de fois de rations alimentaires ou faciliter la communication entre elles et leurs proches. A travers cette multitude d’activités, nous pouvons dire que nous avons touché plus de 31.000 personnes de janvier à décembre 2024 comme nous l’avons publié dans notre rapport de fin d’année 2024 » a indiqué Abdoul Aziz Chegou Coordonnateur de Alarme Phone Sahara.

Photo Dr ( case de passage offert par l’OIM aux migrants à Bilma)

L’organisation internationale pour les migrations a aussi mis en place un système d’assistance aux migrants. Selon les données consultées dans son bulletin mensuel « Infosheet- Niger, janvier 2025 », l’organisation a fourni une assistance directe aux migrants en transit dans les sept centres.

Sur la période de 2016 à janvier 2025, on peut retenir :

AnnéeNombre
20166248
20179099
201820 056
201918 534
202010059
202112 137
202217 145
202315 067
202415 781
2025477

Ces organisations travaillent au quotidien avec les services de l’état civil et de la migration pour assister secours à ces migrants en détresse. Cependant, l’expulsion et la maltraitance ne désamorcent pas certaines : « Mon rêve est écourté mais je reste convaincue que mon jour viendra. Pour le moment, je n’ai aucune intention de retourner au pays. Je reste travailler soit à Agadez ou dans une autre localité du Niger pour mobiliser le fonds nécessaire » affirme Emmanuella.

Ce genre d’engagement et de détermination amène le coordonnateur de Alarme Phone Sahara à s’interroger sur les raisons de cette aventure « « Je profite pour demander à tous les africains de quelque pays, de quelque race ou ethnie, de quelque religion et de quelque origine sociale à s’interroger sur les raisons de la désertion des bras valides des contrées et des centres urbains vers d’autres cieux. Pour ma part, je peux citer entre autres causes l’acculturation, l’inadaptation de systèmes éducatifs, la mauvaise gouvernance, l’injustice, l’accaparement des terres productives, le terrorisme savamment développé, la mauvaise identification de projets de développement, le complexe d’infériorité, le manque de considération de compétences locales autodidactes, l’inadéquation profil-emploi dans tous les secteurs sociaux, l’égoïsme, le tribalisme, le clanisme, la contusion, la corruption et le passe-droit ».   

Pour Manou Hamidou Nabara de l’ONG JMED, « la situation critique de la jeunesse surtout le chômage combiné a un certain radicalisme de certains migrants sont autant d’éléments qui les poussent à s’engager avec la ferme conviction qu’ils vont réussir comme certains de leurs compatriotes ».

L’apport des migrants dans l’économie de leurs pays d’origine

Il est vrai que la migration à ses côtés négatifs mais la majeure partie des migrants contribuent au développement de leurs pays d’origine. Selon les statistiques de la Banque Mondiale, les remises migratoires à destination de l’Afrique subsaharienne ont augmenté de 6,1% en 2022 pour atteindre 53 milliards de dollars. Dans des pays comme le Sénégal, le Nigéria et le Mali, les migrants participent au développement du pays.

« Derrière chaque migrant se cache plusieurs individus. Dans certaines communautés, ce n’est plus une histoire de personne mais plutôt de famille. Et vous vous êtes surpris de voir qu’en cas des problèmes, les familles se débrouillent pour sauver nos vies. En effet, chaque migrant prend en charge un important réseau familial dans son pays d’origine grâce au transfert des fonds » indique avec une certaine fierté et un soulagement F. K, une migrante de nationalité camerounaise.

Beaucoup d’études ont démontré que la migration peut aussi être bénéfique pour la femme en ce sens qu’elle peut avoir une expérience positive et d’améliorer ses conditions de vie. Si elle apprend un métier, elle peut mettre en place une entreprise, créer de l’emploi et renforcer son autonomie. Aussi, vivre dans un autre pays, peut l’amener à avoir des expériences positives. « Certaines de mes compatriotes avec qui nous étions ensemble ont accepté le retour volontaire de l’OIM. Certes, il n’est pas dit qu’il faut nécessairement aller en Europe pour réussir mais seulement les conditions de vie et de travail ne sont pas les mêmes. Aussi, les opportunités pour toutes les catégories. Pour moi, en étant en Europe, c’est plus facile de gagner sa vie et de soutenir les autres » estime Amelia.

La question de la migration irrégulière des femmes est un sujet qui demeure d’actualité puisqu’elles sont en quête de voyager et surtout parmi les expulsés. Pourtant au-delà de la protection de leurs droits dans un contexte des violences, il y a lieu de continuer à travailler et assurer l’effectivité des droits de chaque citoyen. Cela relance le débat au moment où les autorités nigériennes ontà travers l’ordonnance 2023-16 du 25 novembre 2023 abrogé la loi 2015-36 portant criminalisation de certaines activités liées à la migration irrégulière.

A Agadez, l’on remarque que les activités de la migration ont lentement repris mais sans atteindre son développement d’antan qui jadis donnait un réel espoir à ses acteurs.

Ce reportage a été réalisé par Souleymane Oumarou Brah dans le cadre du projet Informa, soutenu par l’Union Européenne.

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