Connect with us

Politique

Tribune: Séparation CEDEAO-AES : Entre divergences politiques et enjeux de reconnaissance

Published

on

Les récents événements politiques de l’espace ouest africain enregistrent le 29 janvier 2025 comme la date où la séparation entre l’organisation régionale ouest-africaine et les pays de l’Alliance des États du Sahel (Mali, Burkina Faso et Niger) était devenue une évidence. Le vin est donc tiré.

Déjà la veille, c’était des manifestations dans plusieurs villes du Burkina Faso et du Niger, avec pour motif la célébration de la sortie de la Cédéao. Sur des pancartes, on lisait : « À bas la Cédéao et vive l’AES » ou « Oui à l’AES, non à la Cédéao ». Ou « Adieu la Cédéao aux mains liées ».

Du côté de ces trois pays, le divorce est bel et bien consommé. C’est plutôt la Cédéao et ses dirigeants qui ont du mal à avaler cette couleuvre de divorce après un siècle plein de vie commune, de cohabitation pacifique et intelligente.

En effet, la sortie du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Cédéao est la résultante de cette décision qualifiée d’irréversible prise par les trois présidents de transition : Traoré, Goïta et Tiani. Même si le président Allassane Ouattara de la Côte d’ivoire tient dur comme fer pour retrouver le quorum des 15 membres, ce désir ardent vient d’être douché et désamorcé par la déclaration sanctionnant la tournée du président ghanéen, John Dramani Mahama qui évoquait « la nécessité d’une reconnaissance de l’AES par la Cédéao ». La reconnaissance !!!

Le réalisme pour la sécurité

Cette déclaration du président Mahama participe d’un réalisme politico-diplomatique qu’il faudra accepter même s’il consacre une rupture majeure dans l’équilibre politique et diplomatique de la région ouest africain. Car la réponse aux problèmes posés par les trois pays de l’AES est très loin d’être trouvée dans le contexte actuel où les enjeux sécuritaires préoccupent moins la Cédéao à 13.

Le talon d’Achille de notre Cédéao est ostensiblement connu. L’influence externe primant sur les besoins et aspirations réels des occupants de l’espace Cédéao. C’est la raison fondamentale qui a motivé cette décision irrévocable du trio sahélien : s’affranchir d’une organisation qu’ils jugent inféodée aux intérêts occidentaux, impérialistes et éloignée des réalités sécuritaires locales.

Parlons de ces réalités sécuritaires. A la vérité, les enjeux sécuritaires dans le Sahel doivent être une préoccupation partagée par tous les pays de l’espace ouest africain. Si le Sahel reste insécurisé et émaillé fréquemment par des attaques recurrentes, tous les autres pays sont, par voie de conséquence et à l’évidence de la porosité des frontières, aussi dans l’insécurité. Ceci étant, l’effort de contingentement implicite et circonstanciel de l’avancée du terrorisme vers les autres pays notamment côtiers doit être salué et soutenu. Aujourd’hui, l’on a comme l’impression que ce sont uniquement ces trois pays qui sont les plus concernés. Tant s’en faut. Ces derniers constituent, à la vérité, le rideau de fer, le rempart pour les autres pays de l’espace commun. Les opérations militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger permettent de retenir et de contenir les assauts terroristes. Ce qui protège indirectement les 13 pays restants de la Cédéao et impose la vraie question de cohabitation.

Le dilemme de reconnaissance

Il est évident que la reconnaissance internationale d’une organisation régionale communautaire passe par un processus rigoureux, même si l’un des plus importants est bien respecté à savoir la volonté des États souverains décidant d’en créer et en définir les règles et les objectifs. On pourra néanmoins ergoter sur le statut des pilotes : ils ont des putschistes. Cependant…

Si la volonté d’autodétermination des États sahéliens est affirmée, leur reconnaissance sur la scène régionale et internationale est jusqu’à ce jour en rude souffrance. La Cédéao, qui regroupe encore la majorité des économies ouest-africaines, continue de bénéficier d’un soutien diplomatique et financier important, notamment de la part des autres institutions internationales.

Le challenge pour l’AES est de convaincre, mais de quelle manière ? La première et principale étape demeure la légitimité démocratique : ils doivent être démocratiquement élus. Donc, il faut impérativement organiser des élections. Reconnaitre un regroupement porté par des non déclarés à l’issue d’un processus électoral libre et transparent serait un crime contre la doctrine Tobar.

Elle est, en effet, l’une des doctrines qui traitent de la reconnaissance des gouvernements en droit international, surtout la légitimité des régimes issus de coups d’État et leur acceptation sur la scène internationale. Selon cette doctrine, un gouvernement issu d’un coup d’État ou d’un soulèvement non constitutionnel ne doit pas être reconnu tant qu’il n’a pas obtenu l’approbation démocratique de la population par des élections légitimes. De ce fait, les actes posés par les dirigeants bénéficiaires de ces coups d’Etat ne recevront pas d’assentiment au plan international.

Corrélativement à la doctrine Tobar, nous pouvons évoquer la théorie constitutive en matière de reconnaissance internationale qui affirme qu’un État ou une organisation n’existe pleinement en droit international que s’il est reconnu par d’autres États. La reconnaissance confère une légitimité diplomatique et juridique. Un État non reconnu ne peut pas pleinement exercer ses droits sur la scène internationale. Il ne peut non plus l’exercer à travers une association avec d’autres États de même nature.

Au regard de ces principes du droit international public qualifié de droit de coordination et de régulation, on note une forme d’imbroglio découlant des comportements de certains pays de l’espace dont le Togo. Le fait de manifester son intérêt à rejoindre l’AES ne serait pas,   de facto, une reconnaissance de cette organisation par un pays  » pour le moment  » membre de la Cédéao ? Même si on fait fi des conséquences que cela pourrait engendrer, l’on se demande aussi si cette seule reconnaissance qui prend déjà la forme déclarative suffirait-elle à l’AES de faire valoir son statut juridique international ? J’en doute fort.

A l’évidence, le dilemme de reconnaissance se pose à deux niveaux avec acuité. Reconnaitre l’AES pour poser les nouvelles bases de cohabitation et de coopération pour une lutte commune contre le terrorisme en vue de sécuriser l’espace commun ou rester dans cette cacophonie voire ce cocon de méfiance, de défiance et de soupçon qui rend davantage délétère notre territoire à nous tous.

Une solution vitale, surpassant toute considération, doit sortir des deux externes pour la paix en Afrique de l’ouest.

Donis AYIVI

Politiste et Consultant en communication

Continue Reading

Politique

IATF 2025 : Mahamadou Issoufou appelle les pays africains à mobiliser leurs ressources et œuvrer à trouver des solutions pour se libérer de la dépendance extérieure

Published

on

Le jeudi 4 septembre 2025, en marge des activités de la 4eme édition de la Foire commerciale Intra Africain (IATF 2025), un panel présidentiel a regroupé plusieurs leaders africains afin de discuter sur le mécanisme de l’intégration économique du continent surtout le renforcement du commerce intra africain.

Modéré par le Président Algérien Abdelmadjid Tebboune, l’ancien président du Niger (2011- 2021) et champion de la ZLECAF, Mahamadou Issoufou a co-animé le débat au côté du président du Conseil présidentiel libyen, le président de la République islamique de Mauritanie, le président de la Tunisie, du Mozambique, de la République du Tchad ainsi que le vice-président de la République du Kenya, de la vice-présidente de la République de Namibie et du Premier ministre de la République du Burundi.

Axé sur les voies de dynamisation du processus d’intégration continentale et les moyens de faire de l’Afrique une puissance économique à travers la concrétisation de la ZLECAF,  l’ancien  dirigeant du Niger, Mahamadou Issoufou a indiqué qu’il fait partie des présidents qui ont eu la chance d’adopter en 2013 l’agenda 20263 de l’Union Africaine.

Tout en saluant le leadership du Président M. Abdelmadjid Tebboune dans la transformation de son pays surtout la place de l’Algérie dans l’économie africaine en devenant la 3eme plus grande économie, Mahamadou Issoufou a indiqué : « qu’elle peut partie de pivot dans l’intégration et l’émancipation économique de notre continent ».

En tant que Champion de la ZLECAF, il a réitéré son appel aux pays du continent à mobiliser leurs ressources et à œuvrer à trouver des solutions afin de relancer leurs économies, compte tenu des potentialités et ressources dont ils disposent et qui les habilitent à jouer un rôle central, notamment dans le secteur agricole, en vue de se libérer de la dépendance extérieure.

Notons qu’au cours de ce panel présidentiel, le Président Abdelmadjid Tebboune de l’Algérie a célébré le champion de la ZLECAF, qualifiant Mahamadou Issoufou de « militant chevronné et de fervent défenseur de l’Afrique et de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) ».

Souleymane Brah, envoyé spécial à Alger

Continue Reading

Politique

COMMUNIQUE FINAL DE LA MISSION OFFICIELLE DE TRAVAIL DU PRESIDENT DU CONSEIL DES MINISTRES DE L’AUTORITE DU BASSIN DU NIGER A NIAMEY

Published

on

Du 28 au 30 août 2025, Monsieur Roger BARO, Ministre de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement du Burkina Faso, Président du Conseil des Ministres (PCM) de l’ABN a effectué une mission officielle de travail au siège de l’ABN basé à Niamey (République du Niger).

A leur arrivée à Niamey, le PCM et sa délégation ont été accueillis par le Colonel Abdoulaye MAIZAMA, Ministre de l’Environnement, de l’Hydraulique et de l’Assainissement du Niger, Ministre de tutelle de l’ABN au Niger.

La présente mission officielle de travail intervient à la suite de la prise de fonction du nouveau Secrétaire Exécutif de l’ABN, Monsieur Kocou Armand HOUANYE, installé le 24 juillet 2025 par le Colonel Abdoulaye MAIZAMA, Ministre de l’Environnement, de l’Hydraulique et de l’Assainissement du Niger, Ministre de tutelle de l’ABN au Niger. Elle s’inscrit dans le cadre des initiatives en cours, selon les orientations des Chefs d’Etat et de gouvernement des Etats Membres, visant à redynamiser l’ABN en vue d’en faire davantage une véritable Institution de Coopération et d’Intégration sous régionale au service du développement socio-économique équitable, résilient et durable de l’ensemble des neuf (9) pays riverains du bassin du Niger que sont le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, le Niger, le Nigéria et Tchad.

Au cours de son séjour à Niamey, le PCM a été reçu en audience respectivement par :

  1. Son Excellence le Ministre d’Etat, Ministre de la Défense nationale, le Général de Corps d’Armée Salifou Mody : (i) au nom de Son Excellence le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, Président de la République, Chef de l’Etat du Niger et (ii) en tant que Ministre assurant l’intérim de son Excellence Monsieur Ali Mahamane Lamine ZEINE, Premier Ministre, Ministre de l’Economie et des Finances et ;
  2. Son Excellence Monsieur Bakary Yaou SANGARE, Ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’Extérieur.

Par ailleurs, le PCM a tenu, le 29 août 2025 à l’Hôtel Bravia de Niamey, une séance dinatoire de travail avec leurs Excellences Messieurs les Ambassadeurs, Messieurs Chargés d’Affaires, et Messieurs les Consuls Honoraires des Etats Membres de l’ABN accrédités auprès de la République du Niger. Cette séance dinatoire de travail a été marquée par trois allocutions suivies d’une présentation par le Secrétaire Exécutif sur l’ABN et ses actions en appui aux efforts de développement des neuf (9) Etats Membres dans leur territoire national respectif du bassin du Niger. Les échanges cordiaux qui ont suivi la présentation ont permis permis aux acteurs présents de mieux comprendre le rôle, les missions, les activités et les défis de l’ABN. En retour, ces derniers ont exprimé leur disponibilité et engagement à accompagner activement l’ABN dans l’accomplissement de la mission à elle dévolue par les Chefs d’Etat et de Gouvernement des neuf (9) Membres en vue de l’amélioration des conditions de vie des dizaines de millions des vaillantes populations visant dans le Bassin du Niger.  

Le 30 août 2025, le Président du Conseil des Ministres, accompagné de son homologue du Niger, empêché, représenté par le Directeur Général de l’Hydraulique du Ministère de l’Environnement de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Coordonnateur de la Structure Focale Nationale de l’ABN au Niger, a présidé l’Assemblée Générale du personnel du Secrétariat Exécutif de l’ABN.  Cette rencontre visait à recueillir les préoccupations du personnel et, en retour, à lui donner les orientations et instructions nécessaires en vue d’un accompagnement efficace du nouveau Secrétaire Exécutif de l’ABN dans l’exercice du Mandat à lui confier par le Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’ABN.

Dans la même journée du Samedi 30 août 2025, le Président du Conseil des Ministre a également eu à présider la rencontre avec les acteurs de la presse. Cette dernière a permis au PCM et au Secrétaire Exécutif ensemble avec le personnel :

  • de réaffirmer leur attachement à la transparence, à la diffusion de l’information et à la valorisation des actions menées en faveur du développement intégré, équitable, durable et résilient dans le bassin du Niger ;
  • de lancer le site web rénové de l’institution ; ce qui constitue une étape majeure dans la modernisation de la communication institutionnelle pour assurer une visibilité des nombreuses actions de l’ABN en tant qu’instrument de coopération et de développement.

A l’issue des audiences avec les Autorités nationales, les échanges avec les Missions diplomatiques des Etats Membres de l’ABN accréditées auprès de la République du Niger et basées à Niamey, le personnel du Secrétariat Exécutif et les acteurs de la presse, il est ressorti plusieurs orientations et diligences pour entre autres :

  • Tenir en octobre 2025, une session extraordinaire du Conseil des Ministres de l’ABN, qui devra se pencher prioritairement sur (i) le paiement régulier et à bonne date chaque année par les Etats Membres de leurs contributions financières au budget de fonctionnement de l’ABN ; (ii) le paiement par les Etats Membres concernés de leurs arriérés de contributions financières ; (ii) les dispositions préparatoires du lancement des travaux de construction du siège ainsi que du prochain Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’ABN.
  • Organiser, début décembre 2025, la 44ème Session ordinaire du Conseil des Ministres de l’ABN à Ouagadougou (Burkina Faso).
  • Tenir la prochaine réunion du Comité Régional de Pilotage des Projets et Programmes au début de novembre 2025.
  • Organiser, avant la fin du premier trimestre de 2026, le Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’ABN prévu se tenir tous les deux (2) ans dont le dernier s’est déroulé en 2021.
  • Lancer au cours du premier trimestre de 2026, sous la présidence de Son Excellence le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, Président de la République- Chef de l’Etat du Niger et de ses homologues du bassin Champions du projet de construction du Siège de l’ABN ici à Niamey, les travaux avec la conduite à terme dudit projet d’ici fin 2027, avec déjà une mobilisation de plus de 51% du budget du projet, et intensifier le plaidoyer auprès des Etats concernés pour le paiement de leur quotepart pour boucler le financement dudit projet.
  • Faciliter le déploiement, par chacun des Etats Membres concernés, d’une feuille de route échelonnée du paiement de leurs arriérés de contributions financières au budget de fonctionnement de l’ABN se chiffrant à date à un montant total de 6,130 milliards de franc CFA.
  • Diligenter, sous le portage et le leadership politiques des neuf (9) Chefs d’Etat et de Gouvernement, le processus de mise en place d’une nouvelle Vision de développement socio-économique du Bassin, assortie des documents de planification  et de programmation nécessaires, en tenant compte du contexte sécuritaire et des autres problématiques liées aux impacts du changement climatique et aux pollutions d’origines diverses, avec la tenue d’une table ronde des bailleurs de fonds.
  • Diligenter le processus d’opérationnalisation progressive du Fonds Régional d’Adaptation au Changement Climatique (FRACC), en tant que mécanisme de financement autonome et durable des investissements de développement de l’ABN dans les pays.
  • Prendre les dispositions nécessaires pour mieux faire connaître l’ABN et mieux communiquer sur les actions de l’ABN au niveau régional et dans chacun des neuf (9) pays riverains du bassin du Niger ainsi qu’à l’échelle internationale.

Au terme de sa mission, le Président du Conseil des Ministres adresse ses sincères remerciements à son Excellence le Général d’Armée ABDOURAHAMANE TIANI, Président de la République, Chef de l’Etat au gouvernement et au Peuple du Niger pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité toute africaine dont lui et les membres de sa délégation ont fait l’objet durant leur séjour à Niamey.

Fait à Niamey, le 30 août 2025

Continue Reading

LES + LUS

Copyright © 2025 La Voix du Niger design Connect'Impact - Loyal Consulting.