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Enquête

Enquete: Subvention accordée par l’Etat aux partis politiques : De l’opacité dans l’octroi et l’utilisation des fonds

De 2011 à 2013, les subventions accordées aux partis politiques n’ont pas respecté les critères d’éligibilité imposés par l’Ordonnance citée plus haut. « Les investigations diligentées ont révélé que la Direction Générale des Affaires Politiques et Juridiques (DGA/PJ) du ministère de l’intérieur a accordé la subvention sur la base de trois critères, à savoir : la tenue de congrès statutaire, la représentation locale et/ou la représentation à l’Assemblée Nationale », révèle Abdourahamane Gousmane dans une étude réalisée en 2017 sur le contrôle des comptes de campagne électorale.

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« Nous estimons que c’est à cause de nous que le versement de la subvention a été suspendu pour nous priver de ressources et empêcher la réalisation de notre programme d’actions politiques ». Ces propos sont de M. Maman Sani Mahamane, Secrétaire général du Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine (Moden Fa Lumana), le principal parti de l’opposition au Niger. Il réagissait ainsi à la décision prise par le Ministère de l’intérieur, de suspendre l’octroi de la subvention de l’Etat aux partis politiques. Une décision à « caractère orienté », estime-t-il, juste pour priver des ressources, certains partis politiques.

En effet, les partis politiques légalement reconnus au Niger et remplissant les conditions fixées par l’Ordonnance 2010-84 du 16/12/2010, portant Charte des partis politiques, bénéficient depuis 2011, d’une subvention annuelle de l’Etat. Il s’agit d’une aide financière directe, qui n’est ni un prêt ni une avance de trésorerie, à leur être accordée afin qu’ils puissent « assurer la sensibilisation et l’éducation civique de leurs membres et contribuer à la formation de l’opinion, en vue de la préservation et de la consolidation de l’unité nationale, de la démocratie et de l’Etat de droit… ».

Cependant, force est de constater que, tant dans le processus d’octroi de cette subvention que dans l’usage qui est fait des fonds alloués, les dispositions de la loi y relatives sont piétinées de part et d’autre. « Des partis politiques ne remplissant pas les conditions ont bénéficié de la subvention et les fonds alloués ont été dépensés dans des conditions autres que celles prévues par la loi », souligne le Rapport Général Public 2014 de la Cour des Comptes.

Suite à ce rapport de la plus haute juridiction nigérienne en matière du contrôle des finances publiques, assorti d’une forte recommandation adressée au ministère de l’intérieur, la Cour des comptes a demandé et obtenu de la tutelle des partis politiques au Niger, « l’arrêt de l’octroi de la subvention de l’Etat aux partis politiques ne remplissant pas les conditions », après quatre années d’attribution de cette subvention qui se faisait dans des conditions floues.

Une démarche qui participe, selon la Cour des comptes, à « favoriser le respect de la loi tant dans l’octroi de la subvention que dans l’usage des fonds alloués », mais aussi à « la préservation des biens publics ». C’est ainsi que depuis 2014, l’Etat a suspendu l’octroi de la subvention jusqu’à ce que les partis politiques se soient conformés à la loi. « Au vu du caractère très sévère des critères fixés par la loi pour bénéficier de la subvention de l’Etat, il serait très difficile pour les partis politiques nigériens de satisfaire aux conditions posées », estime le Secrétaire général du Moden Fa Lumana.

  • Du non-respect de critères dans l’octroi de la subvention

De 2011 à 2013, les subventions accordées aux partis politiques n’ont pas respecté les critères d’éligibilité imposés par l’Ordonnance citée plus haut. « Les investigations diligentées ont révélé que la Direction Générale des Affaires Politiques et Juridiques (DGA/PJ) du ministère de l’intérieur a accordé la subvention sur la base de trois critères, à savoir : la tenue de congrès statutaire, la représentation locale et/ou la représentation à l’Assemblée Nationale », révèle Abdourahamane Gousmane dans une étude réalisée en 2017 sur le contrôle des comptes de campagne électorale.

Mais pour la DGAPJ, « il s’agissait d’une dérogation aux critères fixés par la charte des partis politiques » qui, selon nos sources, a été décidée par la classe politique, en réunion du Conseil National de Dialogue politique (CNDP) qui est un cadre de concertation regroupant les partis politiques, toute tendance confondue. Il ressort de cette modification voulue et obtenue par les partis politiques que « pour l’année 2011, la subvention de l’Etat sera accordée sur la base de la participation des partis politiques aux élections organisées pendant la transition et ayant une représentation à l’Assemblée Nationale ou dans les conseils locaux ». 

Nonobstant cette « entente » au sein de la classe politique nigérienne, la Cour des comptes est restée ferme dans son Rapport Général Public 2014, indiquant que « dans l’octroi de la subvention de l’Etat aux partis politiques, l’article 30 de l’Ordonnance N°2010-84 du 16/12/2010, portant Charte des partis politiques n’a pas été respecté ».

Pour preuve, la Cour a souligné dans ce même rapport que « la subvention au titre de l’année 2013 d’un montant de 350 000 000 Fcfa a été octroyée aux partis politiques ne remplissant pas les conditions ».  

Elle a en outre relevé que « l’utilisation des fonds alloués aux partis politiques bénéficiaires n’a pas aussi respecté la clé de répartition par postes de la subvention » qui, aux termes des dispositions de l’article 30 de la même Ordonnance est de « 50% pour le fonctionnement ; 30% pour la formation et 20% pour les divers ».

  • Violation des conditions légales d’utilisation de la subvention  

Le contrôle portant sur l’utilisation de la subvention de l’Etat a pour objectif de « vérifier la régularité et la sincérité des comptes dont les critères se déduisent de la mise en place d’une organisation interne, permettant aux partis politiques de suivre de manière continue et sûre, les opérations qu’ils traitent avec les tiers et qui impliquent des mouvements de biens et de valeurs », souligne le magistrat Abdourahamane Gousmane.

Il intègre aussi les principes de la bonne gouvernance que les partis politiques, dans leur écrasante majorité bafouent allégrement aux mépris du respect de la loi qui les régisse, alors qu’ils ont obligation de promouvoir la bonne gouvernance dans tous les domaines.

Malheureusement, peu des partis politiques respectent cette obligation comme en témoigne le contrôle des comptes des partis politiques au titre de l’exercice 2012. Lequel a relevé que sur les vingt-quatre (24) partis politiques ayant bénéficié de la subvention de l’Etat, « aucun n’a respecté l’utilisation de la subvention telle que prévue par l’Ordonnance portant Charte des partis politiques ».

De ce contrôle, la Cour des comptes a relevé que des « fonds publics ont été dépensés par des partis politiques bénéficiaires de la subvention de l’Etat au titre de l’année 2014 dans des conditions autres que celles prévues par la loi ».

Selon la Cour, l’on retrouve dans cette situation, les partis politiques : PDP ANNOUR ; PNA AL-OUMA ; RDP JAMA’A ; UDPS AMANA ; UDR TABBAT ; UDSN TALAKA LE BATISSEUR ; ANDP ZAMAN LAHIYA ; MODEN FA LUMANA ; MOURNA FARAHAN ; RSD GASKIA ; UNI et PSDN ALHERI.

Pour la majorité de ces partis politiques incriminés, les principales anomalies relevées par la Cour des comptes dans la gestion de la subvention de l’Etat sont entre autres : l’absence d’une organisation et d’un système comptable ; la non certification des comptes ; le non-respect du dépôt légal des comptes ; le non-respect des postes de répartition de la subvention de l’Etat ainsi que la classification des ressources.

« Tous ces partis politiques sont passibles des poursuites pour détournement des deniers publics en application des dispositions pertinentes de l’article 41 de la Constitution du 25 Novembre 2010 ainsi que celles de l’article 30 de l’Ordonnance 2010-84 du 16/12/2010, portant Charte des partis politiques », déclare Djibo Boubacar, juriste de son état.

Une situation qui fait dire à la Cour des comptes dans son Rapport Général Public 2014 que « l’utilisation de la subvention dans les proportions prévues par les dispositions de l’article 30 de la Charte des partis politiques n’est pas encore effective », preuve que « seuls les partis ARD ADALTCHI  MUTUNTCHI, CDS RAHAMA, PDP ANNOUR, ADC YARDA, PNDS TARAYYA et UDR TABBAT ont pu présenter leurs comptes en conformité avec les prescriptions de la Charte ».

Dans le même ordre d’idées, le Rapport Général Public 2015-2016 fait état du « non-respect de la répartition de l’utilisation de la subvention de l’Etat », soulignant que « douze (12) partis politiques sur les quinze (15) ayant perçu leur subvention en 2013 n’ont pas respecté la clé de répartition de l’utilisation de la subvention de l’Etat ».

Or, selon les principes de la comptabilité publique, « toute dépense non prévue ou faite contrairement à l’objectif pour lequel les fonds ont été libérés en constitue un détournement des deniers publics », a expliqué Mohamed Tahirou, comptable-fiscaliste.

Afin de prévenir de tels manquements dans la gestion de la subvention accordée par l’Etat aux partis politiques, la Cour des comptes a entrepris un certain nombre d’activités, dont la sensibilisation des dirigeants des partis politiques au « respect de la loi dans les dépenses liées à l’utilisation de la subvention de l’Etat » ainsi que des formations sur les procédures de gestion à l’endroit des comptables et agents financiers des partis politiques.

  • De l’arrêt d’octroi de la subvention

Faisant suite à la lettre de la Cour des comptes demandant l’arrêt de l’octroi de la subvention de l’Etat aux partis politiques ne remplissant pas les conditions, le ministère de l’intérieur, à travers la DGAPJ, s’est engagé par lettre N°008/MISPD/DGAPJ du 8 septembre 2015 à n’accorder la subvention qu’aux partis politiques remplissant les conditions édictées par l’Ordonnance N°2010-84 du 16/12/2010, portant Charte des partis politiques.

Par cette décision, l’intérêt poursuivi est d’« amener l’autorité de tutelle et les partis politiques à respecter la loi dans toute sa plénitude » et surtout à « préserver les fonds publics de tout détournement ou mauvaise utilisation ». Toute chose que les partis politiques refusent de reconnaitre, estimant qu’elle a été prise uniquement pour les empêcher de disposer des ressources.

Or, étant donné le caractère sacré des biens publics, l’obligation incombe ainsi à tout parti politique bénéficiaire de la subvention de l’Etat de respecter scrupuleusement les dispositions réglementaires qui encadrent leur utilisation. 

Dans cette démarche, la Cour des comptes ne s’était pas juste limitée à demander la suspension de l’octroi de la subvention aux partis politiques, elle s’est plutôt engagée à les accompagner dans la compréhension et la maitrise des textes relatifs à l’utilisation des fonds publics que l’Etat met à leur disposition.

A cet effet, elle a pris un certain nombre d’initiatives en la matière, parmi lesquelles l’encadrement des partis politiques sur l’obligation qui leur incombe de déposer leurs comptes dans le délai ; de respecter la loi dans l’utilisation de la subvention à eux accordée par l’Etat ; la formation des comptables des partis politiques sur le contrôle des comptes, l’implantation d’un canevas de présentation  des comptes, l’installation au niveau d’une vingtaine de partis politiques d’un système comptable pour pallier les difficultés liées à la production des rapports comptables, etc.

Des initiatives qui concourent toutes à asseoir la bonne gouvernance dans la gestion des finances au sein des partis politiques, notamment la subvention accordée par l’Etat.

Tant que les partis politiques ne fassent l’effort de respecter les textes qui les régissent, notamment l’Ordonnance N°2010-84 du 16/12/2010, portant Charte des partis politiques, l’accès à la subvention de l’Etat demeurera problématique pour ces derniers. La loi étant impersonnelle, il appartient à chaque parti politique de se conformer aux lois et règlements de la République. D’ailleurs, c’est en agissant de la sorte qu’ils participent à la construction d’un véritable Etat de droit où les lois et règlements de la République sont scrupuleusement respectés.

Les partis politiques doivent se donner également les moyens d’éviter d’être complices dans le contournement de la loi à chaque fois que leurs intérêts sont en jeu. Plutôt, il est de leur responsabilité à œuvrer pour le respect de la loi et à promouvoir la transparence dans la gestion de la chose publique.

Enquête réalisée par Sahirou Youssoufou dans le cadre du Programme « Lutte contre la corruption et les malversations fiscales » /APAC-Niger.  

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Enquête

Lac de Guidimouni : un écosystème en péril sous la menace du changement climatique

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Près de 100.000 habitants dépendent des eaux du Lac de Guidimouni, dans la région de Zinder. Mais aujourd’hui, ce réservoir de vie est en train de s’épuiser. Résultat, pertes de revenus des producteurs, insécurité alimentaire croissante et exode des jeunes vers le Nigeria et/ou la Libye. Derrière ce constat alarmant se cache une catastrophe écologique silencieuse, qui menace de faire disparaître à la fois un écosystème et tout un mode de vie.

Vue partielle du Lac de Guidimouni / Ph : M. ALI

Un site stratégique entre maraîchage et survie communautaire

Situé dans le département de Damagaram-Takaya, région de Zinder, le Lac de Guidimouni ou plutôt les mares de Guidimouni, comme les appellent certains chercheurs, regroupe deux plans d’eau essentiels à la vie socio-économique locale. La proximité du Lac avec les habitations a permis, depuis des décennies, la pratique du maraîchage, de la pêche et de l’élevage. D’après les chiffres de l’INS, la commune de Guidimouni compte en 2022, environ 99.774 habitants pour une superficie de 1.123 km². Ces populations, sédentaires ou nomades, dépendent fortement de ces mares pour leurs besoins quotidiens en eau et leurs activités économiques.

Localisation de la cuvette de Guidimouni et de son bassin versant à l’échelle de la commune. (BADAMASSI MALAM ABDOU Moutari, 2023, Dynamique actuelle de la cuvette de Guidimouni et ses conséquences socio-environnementales, Master de Géographie, Département de Géographie, Université André Salifou (Zinder), 77 pages)

Pour Maman Bachir Moudi, Chef du Service communal de l’environnement et de la lutte contre la désertification à Guidimouni, le phénomène d’ensablement du lac a fortement impacté les revenus des producteurs agricoles. « Les terres arables sont progressivement perdues, envahies par le sable charrié et entraîné dans le bassin. Un producteur qui gagnait autrefois entre 700.000 et 800.000 FCFA ne perçoit aujourd’hui plus que 300.000 FCFA », explique-t-il.

Mallam Moudaha est producteur maraîcher et pêcheur, habitant de la rive droite du Lac de Guidimouni et natif de la localité. D’après lui, le Lac représentait la principale source de revenus pour les populations de Guidimouni. «  Sur ce lac, nous pratiquions le maraîchage et la pêche, qui occupaient une place centrale dans la vie de notre communauté. La pêche, notamment, était une activité très répandue chez les jeunes. Aujourd’hui, la situation s’est fortement dégradée. L’avancée du désert a rendu les terres autour du lac impropres à l’agriculture ».

Avec l’augmentation rapide de la population, les terres cultivables se font de plus en plus rares. « Autrefois, les familles étaient moins nombreuses et les cultures leur suffisaient à subvenir à leurs besoins. Aujourd’hui, certaines familles ne parviennent même plus à vivre trois mois avec les récoltes agricoles », fait observer Mallam Moudaha. Comme si cela ne suffisait pas, l’avancée du désert empêche toute culture de contre-saison. Ces cultures étaient pourtant essentielles pour compléter les récoltes agricoles et maintenir un certain équilibre dans leurs moyens de subsistance.

Formation végétale de la cuvette / Cliché. Badamassi Malam Abdou Moutari

« Ce qui m’inquiète le plus aujourd’hui, ce sont les activités économiques. Autrefois, les familles tiraient d’importants revenus de la revente et de la transformation des produits maraîchers jusqu’à 600.000 FCFA par producteur et par saison. Mais à présent, ce sont des milliers de dattiers, de goyaviers, de papayers et de citronniers qui disparaissent peu à peu, victimes d’un phénomène climatique que nous ne comprenons toujours pas, ce qui réduit nos revenus », déplore Baba Dan Kako, producteur maraîcher et pêcheur, natif du village Killaloun situé à la rive gauche du Lac Guidimouni.

Images des dattiers et de citronniers autour du Lac de Guidimouni autrefois / Crédit Photo : https://visit-niger.com/listing/le-lac-de-guidimouni-zinder-niger

Toujours selon Baba Dan Kako, beaucoup de jeunes, de 18 à 35 ans, n’ont eu d’autre choix que de partir. Ils s’exilent vers le Nigeria et la Libye à la recherche d’activités génératrices de revenus, pour pouvoir envoyer un peu d’argent à leurs familles restées au village. Leurs parents vivent aujourd’hui dans une grande précarité alimentaire. « Cette situation ne peut pas durer. Si rien n’est fait, si aucune solution durable n’est trouvée, nous serons tous, un jour ou l’autre, contraints de quitter cette terre que nous aimons, emportés par cette catastrophe écologique et climatique », explique-t-il.

Le 21 octobre 2025, nous retrouvons Moussa Souley dans une petite ville du nord du Nigeria, où il vend désormais du café au bord d’une route poussiéreuse. À 28 ans, ce jeune originaire de Guidimouni n’aurait jamais imaginé quitter son village et son lac. « Là-bas, je vivais de mon jardin et d’un petit champ près du lac », raconte-t-il. Grâce aux cultures maraîchères et à la saison agricole, Moussa gagnait en moyenne 300.000 FCFA par récolte, de quoi subvenir modestement à ses besoins et soutenir sa famille.

Mais ces cinq dernières années, tout a basculé. « La terre s’est asséchée, l’eau a reculé, et les récoltes ont disparu », confie-t-il, le regard perdu. Les variations climatiques autour du lac Guidimouni – baisse du niveau d’eau, sols appauvris, vents violents et manque de pluie – ont réduit son exploitation à néant. « Nous avons essayé de tenir, mais chaque saison était pire que la précédente. On n’avait plus rien », ajoute Moussa Souley.

Face à l’impossibilité de vivre de son travail, Moussa a fini par partir, laissant derrière lui sa famille et ses terres. Comme beaucoup de jeunes de la zone, il a pris la route vers le Nigeria dans l’espoir de trouver un revenu et de reconstruire sa vie. « Je ne suis pas parti parce que je voulais. Je suis parti parce que la nature nous a chassés », dit-il avec amertume.

Des transformations écologiques alarmantes

Depuis 2017, « les deux plans d’eau sont devenus permanents, conséquence directe des bouleversements climatiques », explique Maman Bachir Moudi, Chef du Service communal de l’environnement. « Leur configuration évolue rapidement, modifiant les équilibres naturels et économiques, poursuit-il. Le site fait désormais face à une série de menaces environnementales : érosion éolienne et hydrique, remontée des températures, inondations répétées, perte de biodiversité ».

Vue des pêcheurs en activité sur le  Lac de Guidimouni / Ph : M. ALI

Selon Maman Bachir Moudi, l’autre problème majeur consiste en l’envahissement d’une large partie de la surface du lac par une plante aquatique invasive, Typha australis, appelée localement « Katchalla ». Cette prolifération affecte directement la communauté de pêcheurs, qui compte plus d’une centaine d’acteurs à Guidimouni et dans les villages voisins tels que Koussa et Goui-Goui. Sous l’effet du vent, le Typha déplace facilement les filets de pêche, entraînant la perte des engins et du matériel, ce qui fragilise davantage ces populations dépendantes de cette activité.

Vue du Typha australis dans le Lac de Guidimouni / Ph : M. ALI

La déforestation autour du lac Guidimouni accentue la vulnérabilité de l’écosystème face aux effets du changement climatique. Selon le Coordonnateur du projet de Régénération Naturelle Assistée (RNA) dans le Bassin du Lac Tchad, M. Souleymane Amadou, les pratiques de gestion durable des ressources naturelles restent encore limitées, alors même que la RNA constitue une solution simple, peu coûteuse et efficace pour restaurer la couverture végétale et stabiliser les sols.

Avec l’appui du Projet de Conservation du Bassin du Lac Tchad (PCBLT), 30 paysans pilotes issus des 9 villages autour du lac ont été formés et accompagnés dans l’adoption de cette technique, permettant de favoriser la repousse naturelle des arbres, protéger les berges et renforcer progressivement la résilience des communautés riveraines. « Restaurer la végétation, c’est protéger le lac et l’avenir des populations qui en vivent », souligne le Coordonnateur.

Vue des Palmiers Doumiers dans le Lac de Guidimouni / Ph : M. Ali

Quelles solutions pour atténuer les effets ?

Selon le Chef du Service des Eaux et Forêts en poste à Guidimouni, Maman Bachir Moudi, des actions urgentes et coordonnées sont nécessaires pour sauvegarder le lac et renforcer la résilience des populations. Parmi les solutions envisagées, la restauration du couvert végétal autour du lac et sur les bassins versants figure en tête des priorités. La mise en place de diguettes, cordons pierreux et plantations d’espèces locales vise à réduire l’érosion des sols, améliorer l’infiltration des eaux de pluie et freiner l’ensablement.

Maman Bachir Moudi encourage aussi le développement de pratiques agroécologiques et agroforestières, permettant aux riverains de diversifier leurs sources de revenus tout en réduisant la pression sur le lac. Des activités alternatives comme l’apiculture, le maraîchage maîtrisé ou l’écotourisme peuvent offrir de nouvelles perspectives économiques.

Un pêcheur ayant pêché un gros poisson sur les abords du Lac de Guidimouni / Ph : M. ALI

Le Lac de Guidimouni, longtemps source de vie, est aujourd’hui au cœur d’un drame écologique silencieux. Sans une action concertée, urgente et durable, c’est tout un écosystème et une population qui risquent de disparaître. Ce cas emblématique illustre les défis immenses que pose le changement climatique en milieu sahélien.

Enquête réalisée par Mounkaila ALI avec le soutien de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) dans le cadre du Programme Sahel.

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Migration des femmes africaines d’Agadez vers l’Europe : L’espoir d’une vie paisible brisé en fantasme !

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Vaste pays de l’Afrique de l’Ouest, le Niger couvre une superficie de 1.267. 000 km2 dont 2/3 est désertique. Ces dernières années, la question de la migration notamment irrégulière est l’un des défis auxquels le pays est confronté. En effet, le Niger est à la fois un pays d’origine, de transit et de destination de la migration. Le pays partage 5.697 kilomètres de frontières avec ses six voisins dont l’Algérie et la Libye, le plaçant ainsi au centre des mouvements migratoires de l’Afrique surtout de l’ouest et du centre.

photo Dr (une vue des migrants abandonnés dans le désert)

La région d’Agadez située dans le Nord Sud du pays est la capitale cosmopolite où tout candidat à la migration est obligé de séjourner. Selon les données publiées par l’organisation internationale pour les migrations (OIM), entre 2016 et janvier 2025, le Niger a enregistré un nombre total des migrants (entrant et sortant) de l’ordre de 7. 683. 863 personnes. Pour la seule période de janvier 2025, 160.989 migrants sont sortis du pays tandis que 115.175 migrants sont rentrés.

Cependant, au cours de leur aventure souvent périlleuse, les candidats à la migration sont confrontés à d’énormes obstacles. Entre abandon dans le désert du Sahara, torture et humiliation par les passeurs, beaucoup sont arrêtés, emprisonnés dans les centres de rétention en Algérie ou en Lybie avant d’être expulsés dans le désert à la frontière avec le Niger. Parmi eux, on trouve des femmes, des filles et des enfants mineurs nigériennes et aussi des autres nationalités africaines. Ces migrantes subissent d’énormes difficultés comme les violences sexuelles et basées sur le genre, les abus et exploitation et la traite des personnes. Pourtant, la protection des droits humains surtout des migrantes doit être une préoccupation pour les Etats. 

Si certains migrants ont fui la pauvreté ambiante, le chômage pour chercher une vie meilleure et une opportunité d’emploi notamment en Europe, d’autres pourtant quittent leurs pays d’origine à cause des conflits et des instabilités politiques. Dans la plupart de cas, les récits de ces migrants notamment les femmes, les filles et les mineurs ne sont toujours pas racontés et ou déformés de leurs réalités. D’où la nécessité de donner la parole à ces braves femmes qui bataillent pour mener une vie paisible.

Malgré les périls : L’idéal c’est l’arrivée à destination !

Agadez, la capitale de l’Aïr est une veille ville historique où depuis des années, les migrants, les réfugiés et même les demandeurs d’asile en transit soit en partance pour l’Europe, soit au retour après leur refoulement cohabitent ensemble avec la population locale. Issus de plusieurs nationalités, chaque femme migrante à son propre vécu. Si certaines connaissent les risques et se sont préparées et déterminer à rejoindre l’Europe via la Lybie ou l’Algérie au prix de leurs vies, d’autres en revanche se sont inspirés des histoires des succès racontées des autres migrantes surtout les investissements réalisés au pays d’origine pour entreprendre le voyage.

Photo Dr ( migrants secourus par les fds)

Rencontré dans un ghetto, une maison où la plupart des migrants en transit séjournent avec la bénédiction des passeurs, Amélia est une femme d’origine ghanéenne. A peine la trentaine révolue, elle a quitté son pays d’origine, traversant les frontières terrestres des autres pays jusqu’à Agadez au Niger. Les multiples procédures en cours de route ne l’ont pas découragé de poursuivre son rêve : « J’ai longtemps rêvé d’aller vivre en Europe pour tenter ma chance. Je connais beaucoup de ghanéens qui ont réussi dans la migration. Pourquoi dois-je m’empêcher alors que tout est possible dans la vie. Il faut simplement avoir un objectif et se donner tous les moyens de l’atteindre. Déjà en cours de route, j’ai suivi pas mal de problèmes surtout les raquettes ». A la question de savoir si elle est au courant du calvaire et autres altercations au cours du voyage surtout dans les pays magrébins, Amélia répond : « certes, il y a des soucis partout et le plus souvent ce sont ces problèmes au quotidien qui poussent beaucoup des africains à quitter et à s’aventurer dans la migration. Tout de même, certains arrivent à traverser et à réussir en Europe ».

Tout comme Amélia, Gloria est une jeune fille nigériane qui attend le convoi pour le voyage. « Je n’ai aucune idée de la route. Ce sont mes contacts qui m’ont mise en relation avec les passeurs d’Agadez. Ils sont censés m’amené en terre algérienne et pour le moment j’attends. ». Pour son premier voyager sur l’Algérie, elle fonde beaucoup espoir : « C’est vraiment un rêve. Avant le covid 19, on avait planifié de partir mais la pandémie a chamboulé notre programme. Depuis 2023, avec la reprise des activités sans risque des passeurs, mes contacts m’ont encouragé à les rejoindre. Ça fait dix jours que je suis à Agadez et espère qu’on va bientôt partir ». Es-tu au courant que lors du voyage ou sur place en Algérie, les femmes subissent des violences y compris sexuelles ? Elle me répond : « Celui qui décide d’entreprendre ce genre d’aventure doit s’attendre à tout y compris la mort. Pour moi, ce voyage ne se prépare pas en un seul jour. Il peut y avoir des difficultés mais l’essentiel c’est aller à destination ».

Si les rêves de Amélia et Gloria, c’est d’aller jusqu’en Europe, l’aventure de la nigérienne Aichatou Issa s’arrête en Algérie : « Nous partons en Algérie pratiquer la mendicité, si vous partez avec des enfants, vous avez la chance de gagner beaucoup d’argent parce que les arabes donnent de l’aumône ». Savez-vous que le voyage est risqué et que vous pouvez perdre votre vie ? « Beaucoup ont perdu la vie dans le désert et même sur place en Algérie. Mais bon, il faut trouver le moyen de vivre. Malgré les difficultés, beaucoup de mes connaissances se sont réalisés dans les zones de Tahoua et Zinder. A chacun son destin et sa chance ». Comment le fonds sont mobilisés ? Aichatou réplique : « tout dépend de la personne. Certaines sont soutenues au niveau de la famille, d’autres vendent leurs biens, et il y a celles qui exercent des petites activités y compris la mendicité à Arlit ou à Agadez pour mobiliser l’argent ».

Vivre dans l’humiliation : le quotidien des migrants en Lybie et en Algérie !

En Algérie comme en Lybie, les migrants africains sont exposés à toute humiliation. S.Htémoigne que :« les femmes travaillent dans des maisons en tant qu’aide-ménagère ou garde enfant. Comme vous êtes à leurs services et qu’ils sont les maitres, beaucoup abusent parce que vous n’avez pas le droit de parler ou disons de contester quoi que ça soit. En dehors de la violence psychologique, le plus souvent, les femmes sont forcées sexuellement ». Une pratique abusive dénoncée par le président de l’ONG JMED Hamidou Nanou Nabara « ces pays maghrébins malgré un certain nombre d’engagements internationaux et même l’adoption de la convention relative aux droits des migrants, sur le terrain, on se rend compte qu’ils ne respectent pas du tout les engagements et font des migrants des objets de manipulation pour leurs partenaires ».

Photo Dr ( migrants assistés par les agents de l’ONG Karkara)

Pire, les femmes, les filles et les mineurs ne sont pas épargnés dans les violences. A.I en est une victime de ces transgressions « En Lybie, il n’y a aucun respect de l’être humain. Torture, abus sexuels, vols…le plus grand risque est que lors de votre détention, ils prennent tous vos biens et puis ils vous forcent à appeler la famille afin de pays la rançon. Beaucoup sont victimes de rançonnage ».

Pour Abdoul Aziz Chégou, responsable de la JNSDD Aikin Kasa, Coordonnateur de Alarme Phone Sahara, la plupart sont arrêtés lors des enlèvements sur le terrain ou leurs lieux de travail : « A l’issue de rafles, les économies sont arrachées en même temps que les objets de valeur tels que des vêtements, des appareils électroniques, des articles de valeur, etc. pour le seul fait d’avoir mis pieds dans un territoire dont la personne n’est pas originaire. Ces genres de traitement à la limite trop subjectifs sont à n’en point douter contraires aux principes de respect de droits humains contenus dans des instruments juridiques de portées nationale, sous régionale et même mondiale. Cela donne la sensation de chair de poule à toute personne dotée de bon sens et renvoie à des souvenirs amers remontant à des époques à jamais révolues ». Pour lui de tout temps, l’être humain a voyagé et cela ne doit pas être une contrainte : « Il suffit juste de parcourir des documents d’histoire pour se rendre compte qu’il y a quelques décennies de cela le plus gros des mouvements d’êtres humains se faisaient des autres continents vers l’Afrique ou de la partie septentrionale du continent africain vers le sud. Aujourd’hui, il est aberrant que ce soit une population composée majoritairement de jeunes, d’adolescents et d’enfants qui subissent le poids du racisme et de la maltraitance sous diverses formes comme si les autochtones de ces pays ne voyagent pas au-delà de leurs frontières nationales. Quoi que l’on dise, le déplacement de l’être humain sur la terre date de millions d’années. L’Homme a depuis son apparition sur terre eu les faveurs de se mouvoir par l’usage de ses membres dont il a été doté, à dos d’animaux ou grâce au progrès techniques et technologiques que ce soit sur terre, en mer ou dans l’espace. Quel qu’en soit le reproche que l’on puisse faire à un être humain, la violation de ses droits doit être bannie ».  

Le refoulement des migrants brise l’aventure des migrants !

Malgré l’accord bilatéral entre le Niger et certains pays comme l’Algérie, ce pays continu de refouler les migrants ouest africains vers la frontière avec le Niger. « Dans ma vie, je n’ai jamais pensé qu’un être humain peut maltraiter son prochain de la façon dont nous avons été malmenés. Imaginez, en dehors des violences psychiques, nous avons été abandonnés comme de mal propre en plein désert, sans eau ni nourriture » a affirmé S.A

Ce témoigne ne surprend guère, le responsable de l’ONG Alarme Phone Sahara, qui en 2024, a recensé un nombre record des migrants expulsés d’Algérie vers le Niger. Ce nombre dépasse de loin toutes les statistiques des années précédentes. « Les assistances que nous faisons aux refoulés sont diverses et varient selon les besoins réels que nous constatons sur le terrain à Assamaka, à Arlit, à Agadez et à Niamey. Les mêmes personnes peuvent être assistées sur plus d’un besoin à la fois. Nous pouvons sensibiliser ou conseiller ou même offrir de l’aide sous forme de transport, de référencement ou de fois de rations alimentaires ou faciliter la communication entre elles et leurs proches. A travers cette multitude d’activités, nous pouvons dire que nous avons touché plus de 31.000 personnes de janvier à décembre 2024 comme nous l’avons publié dans notre rapport de fin d’année 2024 » a indiqué Abdoul Aziz Chegou Coordonnateur de Alarme Phone Sahara.

Photo Dr ( case de passage offert par l’OIM aux migrants à Bilma)

L’organisation internationale pour les migrations a aussi mis en place un système d’assistance aux migrants. Selon les données consultées dans son bulletin mensuel « Infosheet- Niger, janvier 2025 », l’organisation a fourni une assistance directe aux migrants en transit dans les sept centres.

Sur la période de 2016 à janvier 2025, on peut retenir :

AnnéeNombre
20166248
20179099
201820 056
201918 534
202010059
202112 137
202217 145
202315 067
202415 781
2025477

Ces organisations travaillent au quotidien avec les services de l’état civil et de la migration pour assister secours à ces migrants en détresse. Cependant, l’expulsion et la maltraitance ne désamorcent pas certaines : « Mon rêve est écourté mais je reste convaincue que mon jour viendra. Pour le moment, je n’ai aucune intention de retourner au pays. Je reste travailler soit à Agadez ou dans une autre localité du Niger pour mobiliser le fonds nécessaire » affirme Emmanuella.

Ce genre d’engagement et de détermination amène le coordonnateur de Alarme Phone Sahara à s’interroger sur les raisons de cette aventure « « Je profite pour demander à tous les africains de quelque pays, de quelque race ou ethnie, de quelque religion et de quelque origine sociale à s’interroger sur les raisons de la désertion des bras valides des contrées et des centres urbains vers d’autres cieux. Pour ma part, je peux citer entre autres causes l’acculturation, l’inadaptation de systèmes éducatifs, la mauvaise gouvernance, l’injustice, l’accaparement des terres productives, le terrorisme savamment développé, la mauvaise identification de projets de développement, le complexe d’infériorité, le manque de considération de compétences locales autodidactes, l’inadéquation profil-emploi dans tous les secteurs sociaux, l’égoïsme, le tribalisme, le clanisme, la contusion, la corruption et le passe-droit ».   

Pour Manou Hamidou Nabara de l’ONG JMED, « la situation critique de la jeunesse surtout le chômage combiné a un certain radicalisme de certains migrants sont autant d’éléments qui les poussent à s’engager avec la ferme conviction qu’ils vont réussir comme certains de leurs compatriotes ».

L’apport des migrants dans l’économie de leurs pays d’origine

Il est vrai que la migration à ses côtés négatifs mais la majeure partie des migrants contribuent au développement de leurs pays d’origine. Selon les statistiques de la Banque Mondiale, les remises migratoires à destination de l’Afrique subsaharienne ont augmenté de 6,1% en 2022 pour atteindre 53 milliards de dollars. Dans des pays comme le Sénégal, le Nigéria et le Mali, les migrants participent au développement du pays.

« Derrière chaque migrant se cache plusieurs individus. Dans certaines communautés, ce n’est plus une histoire de personne mais plutôt de famille. Et vous vous êtes surpris de voir qu’en cas des problèmes, les familles se débrouillent pour sauver nos vies. En effet, chaque migrant prend en charge un important réseau familial dans son pays d’origine grâce au transfert des fonds » indique avec une certaine fierté et un soulagement F. K, une migrante de nationalité camerounaise.

Beaucoup d’études ont démontré que la migration peut aussi être bénéfique pour la femme en ce sens qu’elle peut avoir une expérience positive et d’améliorer ses conditions de vie. Si elle apprend un métier, elle peut mettre en place une entreprise, créer de l’emploi et renforcer son autonomie. Aussi, vivre dans un autre pays, peut l’amener à avoir des expériences positives. « Certaines de mes compatriotes avec qui nous étions ensemble ont accepté le retour volontaire de l’OIM. Certes, il n’est pas dit qu’il faut nécessairement aller en Europe pour réussir mais seulement les conditions de vie et de travail ne sont pas les mêmes. Aussi, les opportunités pour toutes les catégories. Pour moi, en étant en Europe, c’est plus facile de gagner sa vie et de soutenir les autres » estime Amelia.

La question de la migration irrégulière des femmes est un sujet qui demeure d’actualité puisqu’elles sont en quête de voyager et surtout parmi les expulsés. Pourtant au-delà de la protection de leurs droits dans un contexte des violences, il y a lieu de continuer à travailler et assurer l’effectivité des droits de chaque citoyen. Cela relance le débat au moment où les autorités nigériennes ontà travers l’ordonnance 2023-16 du 25 novembre 2023 abrogé la loi 2015-36 portant criminalisation de certaines activités liées à la migration irrégulière.

A Agadez, l’on remarque que les activités de la migration ont lentement repris mais sans atteindre son développement d’antan qui jadis donnait un réel espoir à ses acteurs.

Ce reportage a été réalisé par Souleymane Oumarou Brah dans le cadre du projet Informa, soutenu par l’Union Européenne.

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